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[Film] Au bord du monde

Claus Drexel France, 2013, 98 min

« La rupture avec la société est une bascule dans un autre monde. Comment s’est-elle produite ? Comment a-t-elle eu lieu ? Nul ne s’en souvient. C’est comme une autre naissance… » C’est sur ces mots de George Orwell que s’ouvre le film de Claus Drexel. Le réalisateur nous emmène à la rencontre de ces invisibles de la capitale qui ont basculé dans un autre monde. Face à eux, très proche, la caméra posée à hauteur de regard ne bouge plus. Tout est question de cadre : le cadre de la société, le cadre de la caméra. Deux cadres qui s’affrontent, le second tentant de rendre ce que l’absence du premier a volé aux personnes filmées. Elles sont hors du monde et pourtant leurs paroles criantes de vérité nous éclairent sur notre société. Avec une justesse d’autant plus forte que les mots sont comme portés par une esthétique captivante. L’homme et l’image sont au centre de ce travail : le film n’aurait jamais été le même sans la signature de Sylvain Leser, photographe des marges, qui, à la demande de Claus Drexel et de son producteur Florent Lacaze, a accepté de se glisser derrière la caméra. La beauté du film et la posture de la caméra rendent à ces SDF ce qu’il est difficile de voir en croisant quotidiennement la misère de notre société : une dignité. Stable et posée, proche de la photographie, parfois même de la peinture, l’image nous offre le temps de les écouter. Paroles indubitables, paroles de détresse, de sagesse ou de folies, elles sont issues d’une longue relation que le réalisateur et le photographe ont construite avec eux, nous acheminant au-delà de notre réel ou du concevable. Leur expérience les fait, comme le propose le cinéaste, « les derniers philosophes de la Ville Lumière.»

En salle depuis le 22 janvier 2014

En savoir plus sur le film Au bord du monde

Martin Monti-Lalaubie
31 janvier 2014
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