Le titre anglais est plus exact : The Triumph of the City. How Our Greatest Invention Makes Us Richer, Smarter, Greener, Healthier and Happier. L’auteur, spécialiste d’économie urbaine à Harvard, entend en effet démontrer que les villes constituent le présent et l’avenir brillants de l’humanité. Les yeux rivés sur « les étoiles urbaines contemporaines que sont San Francisco, Paris et Singapour » (p. 14), il envisage, dans une langue imagée, les grandes agglomérations mondiales, de Bangalore à Dubaï. Mais la réflexion est centrée sur les États-Unis ; New York, où a grandi l’auteur, et son cycle essor (industriel)-déclin-nouvel essor (basé sur le tertiaire supérieur) sont présentés comme un paradigme. Les deux caractéristiques de la ville, la proximité et la densité, permettent, à travers l’intensité des échanges, la création et la diffusion des idées : le développement de l’innovation. La productivité y est plus forte qu’ailleurs, les salaires plus élevés. Il existerait ainsi « une corrélation quasi parfaite entre urbanité et prospérité » (p.16), voire avec le bonheur et la liberté des individus. « L’issue naturelle d’une ville est le monde plus libéré de Paris ou Chicago. » (p.156) Un tel optimisme touche à la téléologie. Le livre est pourtant loin d’être simpliste et pose clairement les enjeux d’un monde de plus en plus urbanisé. Parmi les multiples thèmes abordés, l’analyse de l’étalement urbain et la recherche d’une « écologie plus intelligente » (p. 252) mènent à un plaidoyer pour la ville dense. La réflexion sur le rôle des politiques publiques est également stimulante. En conclusion, Edward Glaeser insiste sur ses thèses principales, tenant à la fois du constat et de la prospective. Par exemple : « L’avenir est à la ville consommatrice, attrayante par sa haute qualité de vie, son dynamisme culturel, ses divertissements. »