Porto Alegre est surtout connue comme l’anti-Davos. Cette grande ville d’Amérique latine a abrité les deux premiers « Forum social pour une autre mondialisation » en 2000 et 2001. Mais la capitale de l’Etat du Rio grande do Sul, au Brésil, forte d’un million et demi d’habitants, est également connue pour pratiquer depuis 1988 un style de démocratie semi-directe où les comités de quartier ont une parole de poids. L’ouvrage analyse avec précision le fonctionnement du budget dit participatif, où la hiérarchie des besoins se discute à la base. Les auteurs ne cachent pas les circonstances qui ont favorisé ce système novateur : d’une part, la réforme de la fiscalité locale voulue à l’échelon du Brésil, et qui a fourni des moyens nouveaux par le biais d’une redistribution importante ; d’autre part, la visibilité des besoins à satisfaire. L’efficacité du système en a été renforcée. Le taux de participation à cette démocratie new-look varie selon les quartiers. A l’examen, les auteurs doutent que le système puisse se généraliser à toutes les mégalopoles. Les effets de la participation diminuent en effet lorsque les besoins sont moins obvies qu’une route à goudronner, une canalisation d’eau ou un branchement d’électricité. Au fur et à mesure que les besoins sont de l’ordre du service, la visibilité des objectifs et la mobilisation des populations concernées diminuent ensemble. Du coup, les classes moyennes prennent le pas sur les autres, créant un biais dans le système représentatif. Le lecteur averti ajouterait à ces arguments un autre assez visible en France. Dans la plupart des pays évolués, les dépenses des municipalités sont financées par des procédures tellement opaques que le citoyen perd conscience du coût réel de ses décisions.