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L’émeute de novembre 2005, une révolte protopolitique

Gérard Mauger Ed. du Croquant, 2006, 158 p., 13€50

Parmi les nombreux livres sur les émeutes de novembre 2005, beaucoup ont cherché à les interpréter politiquement, peu l’ont fait aussi sérieusement. L’auteur commence par reconstruire le récit d’« une émeute inédite par son ampleur et sa durée ». Il analyse son déclenchement et sa propagation, en soulignant le rôle des médias. Il propose également une synthèse exhaustive des études disponibles sur les pratiques et les propriétés sociales des émeutiers. Puis il analyse « la révolte de papier » en faisant un répertoire des prises de position. Les entreprises de disqualification juridiques, morales, culturelles et « ethnico-religieuses » sont distinguées des entreprises d’habilitation politique qui s’appuient pour la plupart sur les « effets politiques » des émeutes. Il discute alors les présuppositions des chercheurs qui parlent de révolte du « précariat », des « ghettos » et des « minorité visibles ». G. Mauger propose alors de traiter l’émeute de « protopolitique », en référence à ses propres Etudes de sociologie de la déviance des jeunes des classes populaires (Belin, 2006) et à quelques sociologues bourdieusiens comme Loïc Wacquant et Michel Offerlé. Que veut-il dire par là ? C’est une révolte, sans histoire militante, sans idéologie et sans projet, susceptible donc d’être politisée à gauche comme à droite ou d’être convertie en mouvement religieux. Cette ouverture nous a paru intéressante : au delà de la nécessaire controverse universitaire, peu importe le mot choisi (protopolitique, subpolitique, prépolitique…), pourvu que les questions posées par les émeutiers le soient durablement.

Bertrand Hériard Dubreuil
6 juin 2012
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