Au contact de praticiens et de théoriciens de l’économie, Hugues Puel renouvelle sa réflexion sur l’éthique. Il ne s’agit pas simplement de « moraliser le capitalisme » pour le rendre plus acceptable, encore moins d’une vision utilitariste qui, à la manière de certains enseignements dispensés dans les écoles de management, fait de l’éthique le dernier chapitre d’un cours de gestion. Il s’agit, plus fondamentalement, de la vie humaine en société. D’où le fond de tableau humaniste sur lequel se distingue le personnalisme chrétien de l’auteur. Hugues Puel souligne combien l’éthique est préformatée par l’éthos, ce cadre de pensée qui est la culture dominante faite de références littéraires, juridiques, économiques et d’habitudes pratiques. Avec juste raison l’éthos est rapproché d’une réalité perçue par les théologiens du Moyen Âge et redécouverte par la sociologie contemporaine sous le nom d’habitus. Celui-ci, selon la définition qu’en donne Bourdieu, est une matrice de perception, d’évaluation et d’action. L’humanisme de Hugues Puel se distingue de la décence ordinaire où chacun se plie aux usages de son milieu, mais tout autant de l’idéalisme non moins ordinaire qui croit tout changer en remplaçant les valeurs transcendantes par le mot humanité. Le réalisme de l’auteur, fruit d’une solide philosophie, d’une bonne connaissance des mécanismes économiques et des contradictions du capitalisme, mène le lecteur aux portes d’une spiritualité soucieuse du vivre ensemble sans violence dans une société ouverte.