Sans nier la réalité du déclassement induit par la crise actuelle (340 000 personnes ont perdu un emploi stable au premier trimestre de 2009), l’auteur invite à réfléchir sur les enjeux de la récession. Les crises successives ont pris à revers le modèle social français : l’émergence de chômage de masse a creusé le fossé entre ceux qui luttent contre la mise en cause des anciennes protections et ceux qui espèrent une intégration sociale. Ainsi s’est installée la peur du déclassement, peur dont les effets sociaux sont plus pervers que le déclassement lui-même. L’auteur prolonge ainsi son analyse de la ségrégation urbaine et scolaire décrite dans le Ghetto français (2004). Selon des comparaisons internationales, le renforcement de la protection se traduit souvent par une augmentation de la durée des périodes de chômage : faut-il alors réformer la protection de l’emploi ? La France semble réticente à des modèles de flexi-sécurité moins anxiogènes pour les salariés, mais qui sont très étrangers à notre société de statuts.