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L'aide au développement

Jean-Michel Debrat et Jean-Michel Severino Le Cavalier Bleu, 2010, 128 p., 9,80 €

Sur un sujet contesté, ce livre apporte un éclairage intéressant. Situés du point de vue des donateurs (l’Agence française de Développement en particulier), les auteurs expliquent la manière dont les initiateurs de l’aide conçoivent leur rôle et justifient leur action. Leur plaidoyer compétent et passionné fait-il tout à fait droit au point de vue des « bénéficiaires » ? Il se garde de tout bilan précis, notamment de l’aide publique à l’Afrique depuis 50 ans. Les auteurs reprennent, pour leur tordre le cou, les aphorismes sur l’aide au développement. Mais, en quelques pages, leur exposé est plutôt théorique. Ainsi, le mécanisme de l’initiative PPTE (remise de dette aux pays pauvres) est clairement décrit ; en revanche, il n’est pas dit pourquoi l’aide publique a payé les dettes du premier producteur africain de pétrole, le Nigeria, ni pourquoi la plupart des États bénéficiaires n’ont pas respecté les engagements liés à la remise de leurs dettes. Une autre réserve concerne l’insuffisance de la prise en compte des sociétés concernées. La dimension culturelle est négligée avec une foi quelque peu naïve dans les données économiques et sociales : que le niveau de développement de l’Éthiopie dite chrétienne (la moitié de la population est musulmane, en réalité) soit comparable à celui du Mali musulman (p. 99) ne prouve pas que la culture n’a rien à voir en l’affaire.

Sylvain Urfer
22 octobre 2010
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