Sous un titre inutilement accrocheur ce livre présente les structures logiques des argumentaires qui traversent le débat français sur la laïcité ; à ce titre, ce travail éclaire sur les présupposés et les limites des uns et des autres. Il jette donc un jour anglo-saxon intéressant sur nos débats. En effet, l’auteur(e) s’appuie sur l’américain Philipp Pettit pour proposer un « républicanisme critique », construit essentiellement sur le concept de « non-domination », c’est-à-dire « l’immunité contre le pouvoir arbitraire d’autrui ». Cette expression vague conduit à des conclusions surprenantes : l’auteur(e) admet le port du hijab en France, puisque les femmes musulmanes grâce à l’éducation reçue à l’école, sont sur la voie de la non-domination (sic !) mais elle le juge insupportable en Afghanistan où ce costume est imposé par la tradition (p.51). La volonté de dégager le noyau logique des arguments est bénéfique mais elle n’échappe pas, malgré (ou à cause de ?) son abstraction à d’autres préjugés non explicités : ainsi, C. Laborde écrit que « la tolérance d’écoles privées à caractère religieux mine potentiellement tous les idéaux de la République », s’alignant sur les rangs d’un laïcisme qu’elle récuse par ailleurs, surtout quand elle remet en cause le financement public de ces écoles. De même est-il vrai que « l’identité nationale laïque a remplacé (je souligne) la vieille religion chrétienne » (p.105). On est tenté de demander à la républicaine critique « encore un effort » pour penser concrètement l’histoire française et la complexité des différences culturelles. L’invocation critique peut cacher du dogmatisme.