Les Africains. Histoire d’un continent
John Iliffe 2e éd., 2009, Flammarion, 702 p., 12 €« Les changements démographiques sont le fil qui noue l’histoire de l’Afrique » (p. 16). Pour John Iliffe, la lenteur du peuplement africain est due à un environnement hostile et aux agressions humaines, et explique les problèmes passés et présents du continent : « le sous-peuplement avait retardé le développement de l’Afrique et entravé les tentatives de création d’États durables susceptibles de surmonter la fragmentation politique, même là où la traite négrière n’avait pas aggravé les difficultés » (p. 320). Mais les différents esclavages ne sont pas suffisamment distingués : si la traite atlantique a droit à un chapitre entier, la traite africaine est juste mentionnée, et la traite arabe, la plus meurtrière, à peine effleurée (p. 105, 259). Par ailleurs, la question de l’unité se pose pour une telle entreprise, tant l’histoire de l’Afrique subsaharienne se démarque de celle du Nord par son peuplement et son évolution. Enfin, sans insister sur ses inévitables lacunes (ainsi, Madagascar est ignorée), retenons parmi les qualités de cet ouvrage la mention de l’absence de l’État en Afrique – que corrobore, a fortiori, cette remarque concernant l’Égypte de Méhémet Ali (1808-1848) : « la croissance démographique commença dans le premier pays qui ait eu un État moderne » (p. 329). Un ouvrage méritoire, qui rend accessible une page peu connue de l’histoire humaine.
8 juin 2009