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Le grand méchant marché : décryptage d’un fantasme français

Augustin Landier et David Thesmar Flammarion, Champs, 2007, 182 p., 6 €

a thèse principale est simple : si le capitalisme financier est vécu en France comme une « source insupportable d’aliénation et d’inégalités », c’est parce que nous serions restés au milieu du gué dans notre projet de réforme de l’économie française. Depuis la libéralisation des années 80, nous nous serions contentés de greffer un système de marchés financiers que les auteurs considèrent comme très performants sur un système productif – un marché du travail en particulier – demeuré rigide et qui ne favorise pas l’allocation de l’épargne en actions. La solution ? Transformer la société française en une société de petits actionnaires. Ce livre est donc un plaidoyer pour le basculement complet du modèle de capitalisme économique et social européen (disons, francoallemand) hérité des Trente Glorieuses, vers la configuration libertarienne anglo-saxonne. Il s’appuie sur la conviction inentamée par les multiples crises financières (nos auteurs écriraient-ils encore le même ouvrage après la crise des subprimes ?) que des marchés financiers liquides permettent une allocation efficace des actifs. La « preuve » qui vient étayer cette conviction (p. 26) repose sur une confusion malheureusement classique : celle qui, de l’élimination des occasions d’arbitrage par le marché, conclut à l’efficacité de la répartition d’équilibre des actifs. Confusion étonnante chez des universitaires bien formés : on sait depuis vingt ans que l’absence d’occasion d’arbitrage est parfaitement compatible avec l’existence de bulles spéculatives, de mouvements irrationnels des cours et la persistance d’inefficacités durables. Or, avec cet argument, la plus grande part de la démonstration de l’ouvrage s’effondre.


Gaël Giraud
13 juin 2008
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