Susan George prête sa plume alerte à l’association Attac dont elle est la vice-présidente. Ce petit livre limpide est illustré d’exemples parlants, la banane, la poste, le pétrole, le bœuf aux hormones, qui permettent de saisir l’enjeu des règles de fonctionnement de l’Organisation mondiale du commerce. La principale cible est également la principale nouveauté de l’Omc, l’Organe de règlement des différends, aux pouvoirs plus tranchants que ceux des panels de l’ex Gatt. La présentation institutionnelle se prolonge par quelques propositions constructives, touchant les compensations financières, les négociations en cours, les services publics, les fondements juridiquement des décisions de l’ORD. L’esprit général de l’ouvrage reste étatique, légèrement mâtiné de dialogue social, si l’on en croit la référence répétée à la société civile et, dans une moindre mesure, à l’Organisation internationale du travail qui, depuis sa fondation en 1918, tente d’associer les partenaires sociaux à la généralisation du « travail décent ». Les cris de victoire concernant le rejet de l’Accord multilatéral sur les investissements en 1998 laisse dans l’ombre les accords bilatéraux nombreux (plus de deux cent) mettant déjà en œuvre le même contenu. Quant à l’échec de Seattle, il est permis de penser qu’il doit davantage aux conflits d’intérêts entre l’Europe et les USA qu’à la manifestation d’illustre mémoire.