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Une aventure politique nous attend


Présidente de la Fédération des Jeunes Udf de mon département depuis deux ans, j’ai dû, à la suite d’un changement professionnel en 2006, quitter ma ville pour Bruxelles. La campagne a donc signifié d’abord pour moi des kilomètres pour rentrer les week-ends et durant les congés.

Petit retour en arrière : fin 2006, je suis à la tête d’une petite équipe, peu motivée pour des actions de terrain, surtout habituée à des réunions mensuelles de discussions sur la situation politique. J’avais peu d’espoir de mener une campagne digne de ce nom avec ce faible effectif. Par ailleurs, j’avais fondé avec d’autres Français expatriés dans la capitale belge une fédération jeunes Udf Bruxelles et pensais raisonnable de passer la main dans ma fédération d’origine. Et puis… l’épopée Bayrou a commencé et nous a entraînés dans une « chevauchée fantastique » que nul n’aurait imaginée ! J’ai ainsi vécu une période surprenante, exaltante, exigeante pour une responsable de terrain, riche en succès et en coups durs.

Jetés dans la campagne

J’ai d’abord vécu la campagne présidentielle comme une formidable surprise. Non pas au niveau national, où j’ai senti très tôt le potentiel du message de François Bayrou : le dépassement du clivage droite-gauche et le refus des promesses électorales coûteuses rencontreraient les aspirations de la majorité des Français. Sa montée dans les sondages l’a très vite confirmé. En revanche, rien ne m’avait laissé deviner l’expérience que nous allions connaître sur le terrain. En tractant sur les marchés ou sur les parkings, nous rencontrions un accueil et un intérêt surprenants en comparaison des campagnes précédentes. On nous réclamait des tracts supplémentaires « pour distribuer à des amis », une affiche « pour mettre sur le lieu de travail ». On klaxonnait joyeusement lorsque nous affichions. À la sortie d’une réunion, vers 23 heures, un passant qui promenait son chien s’est présenté à notre permanence pour remplir un bulletin d’adhésion en nous racontant son passé de sympathisant de gauche.

Entre-temps, nous avions été rejoints par de nombreux jeunes, issus de l’immigration, de milieux modestes ou de milieux bourgeois, étudiants ou jeunes professionnels, sympathisants de gauche ou de droite. Nous n’avons pas imposé de préalables : les nouveaux ont été jetés dans la campagne avec les anciens, faisant connaissance entre minuit et 5 heures du matin, les mains dans la colle. Une véritable fraternité s’est créée au sein de notre équipe. Bien sûr, questions et débats ont refait surface dans l’entre deux tours et il a fallu expliquer aux nouveaux l’histoire de notre parti et la nécessité de respecter les structures existantes en attendant une évolution.

Législatives en tensions

Et les difficultés ont commencé. À nouveau, j’ai été témoin des répercussions locales de ce qui se jouait au niveau national. La défection de certains pour rejoindre la majorité, en particulier celle du Président de la Fédération départementale (dite « aînée », et de laquelle les Jeunes Udf sont membres), proche conseiller et ami du candidat Udf-MoDem, a été vécue comme un tremblement de terre. J’ai vu les larmes des amis trahis, l’incompréhension, la rage et la détermination. J’ai vu des responsables politiques confrontés au dilemme ultime de l’engagement politique : le choix du réalisme (conserver son siège) face au choix de l’idéalisme (ne pas trahir sa conviction). Choix sans doute plus facile quand on est simple militant, mais risqué, voire suicidaire, pour un candidat. Mais il s’agissait de préparer demain, nous en avions conscience.

La bataille des législatives fut rude. Les tensions entre les candidats, engagés dans la campagne « chacun pour sa pomme », ont vite déteint sur nous. J’ai dû affronter la contestation et la calomnie. La présidence de notre équipe devenait-elle un poste convoité ? Certains « jeunes loups », dans une équipe exclusivement masculine, ont vite montré leurs crocs. Ce sont des moments où l’on a envie, soit de jeter l’éponge, soit de prendre une décision radicale : l’exclusion. C’est alors que j’ai tenté cette expérience folle proposée par le Christ : prier pour son ennemi. Et finalement, tout en restant ferme, j’ai décidé de laisser une chance. La main tendue a été saisie… et l’aventure a continué, en équipe.

Loin des rivages familiers

Aujourd’hui, nous sommes mobilisés pour accueillir les adhérents qui nous ont rejoints et fonder avec eux un nouveau mouvement politique, en réfléchissant aux valeurs et aux structures sur lesquelles il devra s’appuyer. Une aventure politique nous attend. Après ces mois où j’ai mis toute mon énergie dans la bataille, je constate que l’engagement politique nous entraîne, par un courant incontrôlable, bien loin de nos rivages familiers. Cette expérience m’a fait grandir, mais je ne sais pas si j’aurais la force de prendre d’autres responsabilités, d’affronter d’autres tempêtes. Je n’ai pas d’ambition personnelle. Je le regrette un peu car cela simplifierait mes choix. Il se trouve juste que je considère l’engagement politique comme un service et pas comme un métier. Et pourtant, je ne peux me résoudre à l’idée d’abandonner le champ de l’action politique justement aux ambitieux et aux politiciens de métier… Un dilemme que connaissent sans aucun doute beaucoup de nos concitoyens.


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