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En mars 2023, des milliers de Géorgiens descendent dans les rues de Tbilissi contre un projet de loi liberticide. En creux de cette protestation inédite, l’intégration du pays à l’Union européenne.
Comment un ex-pays de l’URSS, très empreint de spiritualité orthodoxe et peu coutumier de la contestation sociale, a pu faire reculer une loi en l’espace de quelques jours ? L’avenue Roustavéli, principal axe de la capitale géorgienne qui abrite le Parlement, a été le théâtre de violents affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants pro-européens. Ces derniers, rassemblés à l’appel de l’opposition, mais aussi de leur plein gré et par le biais de réseaux informels, ont été pendant trois journées consécutives les acteurs d’une manifestation à l’ampleur inédite, dont les effets se ressentent encore des mois après la fin des hostilités.
Tout part d’un projet de loi dite sur les « agents étrangers ». En vertu de celle-ci, les ONG et les médias indépendants recevant plus de 20 % de leur financement de l’étranger devaient se déclarer « agents étrangers ». Si le gouvernement invoquait une mesure de transparence, l’imposition de ce statut spécifique était perçue par les opposants comme liberticide. Elle visait en effet à affaiblir et réprimer les voix dissidentes et les acteurs internationaux, manquant de fait au pluralisme des médias.
La Géorgie n’a jamais cessé d’être pris en étau entre une pression russe et une tentation démocratique.
Et c’est bien ce même pluralisme, nécessaire à la liberté de la presse, qui constitue un critère essentiel pour espérer adhérer à l’Union européenne. Une ambition que présente la Géorgie depuis désormais une trentaine d’années, mais qui s’est récemment concrétisée à l’issue d’une candidature d’adhésion déposée en mars 2022.
Le différend politique, rendu visible par ce regain de tension, s’inscrit dans des perspectives plus globales. Depuis sa prise d’indépendance en 1991, le pays n’a en fait cessé d’être pris en étau
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