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Très gourmand en énergie, le secteur numérique pèse lourd dans les déséquilibres environnementaux. La sobriété doit s’y appliquer comme ailleurs pour la survie de l’humanité.
Alors que nous sommes à un tournant de l’humanité et que l’avenir du vivant se révèle menacé, devons-nous croire que la technologie va nous sauver ? Le « techno-solutionnisme » voudrait que les potentiels du numérique soient mis au service d’une terre habitable et d’un futur désirable pour tous.
Or le numérique porte lui-même une empreinte carbone bien supérieure à ce qu’on pourrait supposer : près de 6 % de la consommation mondiale d’énergie primaire, et près de 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES)1.
La dynamique du secteur impressionne, à raison d’environ 6 % de progression par an, promise à doubler en une décennie. Les quelque 8 % de GES générés par le numérique, pourcentage atteignable avant 2040 si aucune mesure n’est prise, correspondent aux actuelles émissions du parc mondial de voitures en service.
Les chiffres donnent le tournis. Six milliards de smartphones peuplent les réseaux, contre 1,7 milliard il y a seulement dix ans. Plus de 30 milliards d’objets connectés fonctionneront dès 2025. D’après Gauthier Roussilhe2, chercheur et designer à l’École normale supérieure de Paris-Saclay, les cryptomonnaies consomment déjà 25 % de toute la puissance de calcul des centres de données, et la généralisation du Métavers et de l’intelligence artificielle (IA) pourrait faire exploser les compteurs.
Pour produire un ordinateur portable de 2 kg, il faut extraire 800 kg de matières premières.
Aucun secteur ne génère aussi rapidement autant d’innovations affectant nos existences, ce qui n’est pas sans poser d’innombrables questions. Pas seulement environnementales, mais aussi anthropologiques, éthiques, juridiques, neuropsychologiques, soci
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