Que vous inspire la récente formule des « deux gauches irréconciliables », qui continue d’ailleurs de diviser ?

Qu’elle n’est qu’un bon mot d’un politique et qu’elle a eu une grande fortune médiatique. Certes, l’histoire de la gauche est tissée d’une très grande diversité, de nombreux affrontements, contradictions, etc. Mais ces contradictions n’empêchent pas des moments de rencontre. Par ailleurs, même dans les moments de division se produisent des convergences. L’histoire des gauches n’est jamais définitive ni absolue.

Mon livre (Pourquoi la Gauche ?, PUF, 2022), remonte jusqu’à la Commune de 1871. Dans ce moment où surgit une perspective de révolution, on pourrait parler de gauches irréconciliables. À l’Assemblée nationale, établie à Versailles, des républicains de la gauche modérée cautionnent la répression. Au cours de la Semaine sanglante, les communards fusillent Gustave Chaudey, proche de Proudhon1. Pour autant, on peut considérer que les uns et les autres ont travaillé in fine à l’établissement de la République, et qu’ils se sont même parfois retrouvés.

Pendant toute l’histoire de la gauche, radicaux et républicains modérés, socialistes et radicaux, puis socialistes et communistes, s’opposent durement. Ainsi, Clemenceau et Jaurès, Clemenceau et les syndicalistes. Souvenons-nous aussi des charges communistes contre les « ours savants de la social-démocratie » ou le « social-fascisme », des affrontements féroces de la guerre froide. Sans nier les polémiques actuelles, l’heure présente montre un apaisement certain des tensions. Sur le long terme, la violence, réelle ou symbolique, a plutôt tendance à reculer.

Malgré ses fragilités, la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes) est-elle un