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Mots perceurs de murs Contre-pouvoirs

Un atelier « Zone d’expression prioritaire » à La Garenne-Colombes, février 2021. © Victor Point
Un atelier « Zone d’expression prioritaire » à La Garenne-Colombes, février 2021. © Victor Point

De la Zone d’expression prioritaire jaillissent les récits de jeunes peu familiers de la prise de parole. Le pouvoir d’agir sur sa propre vie se forge dans la capacité à la raconter.


«Moi, ma vie, ça n’a pas d’intérêt. Je n’ai rien à dire ! » Les journalistes et animateurs de la Zone d’expression prioritaire (ZEP) ne comptent plus les occurrences de cette réaction. Ce leitmotiv traduit bien plus que l’angoisse d’une page blanche. Par les mots, c’est toute la matière brute d’existences à vif, celles des jeunes des quartiers populaires, qu’il s’agit de couler dans un récit qui fasse sens commun. « Je n’existe pas en tant qu’individu, en tant que citoyen. Je me suis claquemuré », résume pour leur compte Emmanuel Vaillant, cofondateur du projet. La sonorité du mot dessine l’envergure du défi proposé : dynamiter au fil de la plume, de sa plume, le poids d’une violence rentrée.

L’aventure ZEP est née d’un constat évident, mais jamais réglé : le peu, sinon la quasi-absence, de parole ménagée aux jeunes les moins lotis dans l’espace médiatique. Devenu rédacteur en chef de L’Étudiant, Emmanuel Vaillant s’en saisit avec son collègue Édouard Zambeaux. « J’avais créé un blog, “2012 est à vous”, autour de la présidentielle qui avait lieu cette année-là, explique-t-il. L’initiative a assez bien fonctionné, à ceci près que ceux qui s’y exprimaient étaient sensiblement toujours les mêmes. Des Bac +5 dotés de la maîtrise de l’écrit et de l’argumentation. » Le journaliste saute un peu plus tard le gué de l’engagement total au bénéfice de « ceux qu’on n’entend pas ».

Pour cela, il n’hésite pas à contourner la grammaire habituelle de son métier. « J’ai voulu imaginer un dispositif consistant à aller chercher cette parole, non pas dans une posture d’intervieweur, mais d’accoucheur de mots, pour permettre à ces jeunes de se rendre auteurs de leur propre récit sur leur expérience de vie. » Pour leur transmettre ce pouvo

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