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Entre révolte et mesure Trouver l’équilibre

Des migrants à Calais, en attente d’un passage pour l’Angleterre, septembre 2015. Alicia Garcia/iStock
Des migrants à Calais, en attente d’un passage pour l’Angleterre, septembre 2015. Alicia Garcia/iStock

Quand l’engagement se mue en rancœur face aux réalités des parcours migratoires, des ressources intérieures sont à convoquer. Le directeur du Service jésuite aux réfugiés (JRS France) nous livre ses doutes et ses convictions.


Il ne m’est pas facile de trouver une juste mesure dans la réflexion lorsque, dans l’action, je suis mis face à K. qui, après trois ans d’attente, est débouté du droit d’asile et se trouve dans une grande souffrance ; à S., qui erre depuis dix ans dans le labyrinthe administratif auquel il est confronté comme quasi « apatride » ; aux murs et grillages de Calais dont la présence me renvoie à des territoires occupés ou à l’univers carcéral et qui divisent le monde, en son humanité comme en sa géographie.

Non, il ne m’est pas facile de garder la mesure et pourtant, cela m’est nécessaire. Car s’il est vrai que « la démesure peut être une sainteté », en général, elle « est un confort » et, de ce fait, appartient à la « pensée bourgeoise ». Voilà un rappel de Camus (L’homme révolté, 1951) qui me met en garde, me fait sortir des clivages bon/mauvais, droite/gauche, anti/pro, et m’invite à entrer dans la complexité.

L’impuissance me fait courir le risque de confondre rancune et justice, temps courts et temps longs, local et national.

Je suis confronté à l’impuissance, et celle-ci me fait courir le risque de confondre la rancune avec la justice, les temps courts avec les temps longs, le local avec le national. Le premier de mes combats : conserver une posture intérieure qui se garde, ou se laisse traverser sans prêter –  trop – le flanc au ressentiment, à la haine, au simplisme, à une manière d’écouter l’autre avec une forme de malveillance.

La place des questions

Pour ce faire, certains critères sont opérants, il me semble, et me servent de limite, de garde-fou. Est-ce que je pense avoir raison au point de ne plus ni écouter, ni lire la contradiction ? Est-ce que cette pensée me permet de savoir ce qu’il faudrait faire de m

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