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Bilan des années Merkel

©Bertelsmann Stiftung/Flickr/CC
©Bertelsmann Stiftung/Flickr/CC

Lorsque le chancelier Gerhard Schröder a annoncé en mai 2005, au soir d’une élection régionale catastrophique pour le parti social-  démocrate SPD, qu’il engagerait le processus – particulièrement complexe en Allemagne – d’élections anticipées, tout indiquait que la présidente du parti chrétien-démocrate CDU Angela Merkel remporterait haut la main les élections législatives de septembre, tant la déception était grande, même au sein de l’électorat social-démocrate. Pendant quatre mois, tous les sondages misaient sur une victoire sans appel des chrétiens-démocrates et des libéraux du FDP. L’Allemagne s’apprêtait à renouer avec les seize années (1982-1998) de coalition chrétienne-libérale du chancelier Helmut Kohl.

C’était sans compter sur la pugnacité du chancelier, bravant les déceptions de la base et les enquêtes d’opinion. D’aucuns estimaient qu’Angela Merkel, face à un vieux renard de la politique, aurait du mal à imposer son style, elle que Helmut Kohl qualifiait de gamine ( « das Mädchen »), lorsqu’il la fit entrer dans son gouvernement au ministère de la Famille en 1990. La CDU avait, en cette année 2005, le vent en poupe, mais beaucoup se demandaient si Angela Merkel serait à la hauteur. Et le fait est que le résultat des élections au Bundestag a bien failli remettre en selle, contre toute attente, le chancelier sortant.

En France, les linguistes découvraient qu’une chancelière est… un sac fourré pour tenir les pieds au chaud. Et beaucoup considéraient que l’Allemagne n’était peut-être pas encore prête à désigner une femme à la tête du gouvernement.

Indifférente à ces spéculations, tout comme elle répugnait à jouer sur les modes vestimentaires, sa coiffure ou sa morphologie pour gagner des voix, Angela Merkel s’est retrouvée contrainte à gouverner avec les sociaux-démocrates. Mais elle s’est imposée dans son propre parti face aux caciques de la CDU avides de pouvoir, elle a su également mener avec le SPD une coalition qui lui permettrait de gérer l’action gouvernementale avec le soutien de plus de 69 % des députés du Bundestag, malgré un contexte permanent de méfiance entre les deux grands partenaires. Le SPD avait en effet réussi à imposer huit ministres sociaux-démocrates, la chancelière leur accorda des portefeuilles importants, des Affaires étrangères au Travail en passant par les Finances. Signe des temps nouveaux : alors que la CDU avait fait campagne pour une augmentation de la TVA de 16 à 18 % et que le SPD avait promis qu’en cas de victoire la Tva ne serait pas augmentée, la chancelière a enregistré son premier succès en faisant adopter par son gouvernement de coalition le passage de la taxe à 19 %. Le style Merkel était né.

La composition hétérogène de son équipe a permis d’éviter bon nombre de désagréments, car les électeurs ne peuvent plus reprocher au seul ministre de l’Intérieur (CDU) une politique approuvée par sa collègue de la Justice (SPD). Même situation entre le ministre des Finances (SPD) et celui de l’Économie (CSU, aile bavaroise de la CDU). Et cela vaut également pour les succès à engranger pour les campagnes électorales : à qui revient par exemple la baisse du chômage enregistrée avant la crise financière ? Aux réformes de Gerhard Schröder ou à leur application par Angela Merkel ? A plusieurs reprises, la grande coalition s’est retrouvée au bord de la rupture et l’on ne compte plus les gros titres de la presse annonçant la fin de ce mariage de raison. Fin 2006, Angela Merkel avait présenté un programme en huit points très ambitieux (réforme du fédéralisme, recherche et innovation, énergie, budget, famille, emploi, santé), dont il était évident que la concrétisation serait largement improbable. Nombre d’observateurs prévoyaient un divorce. Bon gré mal gré, l’équipe est restée en place. Mieux : de nombreuses réformes ont pu être réalisées.

Une version démocratique d’Otto Bismarck

C’est en politique étrangère qu’Angela Merkel a enregistré ses premiers succès, en abordant les Grands de ce monde avec sérénité, simplicité, fermeté et détermination. Plus question de faire la part entre les bons (Poutine) et les méchants (Bush) comme son prédécesseur. Mme Merkel est vite devenue une « version démocratique du chancelier Bismarck » (pour reprendre l’expression du magazine Stern), tout sourire pour surmonter les vicissitudes des relations humaines avec les présidents étrangers et s’adapter successivement au baisemain vieux jeu d’un Jacques Chirac ou à la bise offensive d’un Nicolas Sarkozy. Depuis, Angela Merkel s’est arrangée des différences de style et le plus souvent, c’est elle qui mène la danse.

Indifférente aux avertissements de Frank-Walter Steinmeier, son ministre des Affaires étrangères (SPD), la chancelière a accueilli à Berlin en 2007 le Dalaï-lama, provoquant un éclat diplomatique avec la Chine. La crise sera oubliée après les interventions de son conseiller en politique étrangère, et non pas par les efforts de son ministre, qui ne manquera pas de lui reprocher ce « faux-pas ».

Les divergences entre CDU et SPD dans le domaine de la politique étrangère ne sauraient être exagérées, elles correspondent à une longue tradition dans la diplomatie allemande, à cette différence près que jusqu’ici, ceux qui contestaient étaient dans l’opposition, alors que depuis 2005 les deux partis sont dans la même équipe gouvernementale. Les sociaux-démocrates avaient critiqué la politique d’intégration à l’Ouest lancée par le chancelier Konrad Adenauer jusqu’en 1959, et les chrétiens-démocrates s’étaient opposés à l’Ostpolitik du chancelier Willy Brandt. Mais un revirement s’était opéré après 1998 avec Gerhard Schröder et Joschka Fischer (ministre des Affaires étrangères Verts) sur la question des soldats allemands de la Bundeswehr envoyés pour le maintien de la paix au Kosovo, en Macédoine et en Afghanistan. Le gouvernement SPD-Verts autorisa ces missions, premier signe d’un rapprochement avec les conceptions de la démocratie-chrétienne ; cela n’empêcha pas la présidente de la CDU de critiquer avec véhémence la politique étrangère de Gerhard Schröder, définie par son collaborateur le plus proche à la chancellerie, Frank-Walter Steinmeier, aujourd’hui ministre et candidat à la Chancellerie.

Sûre de son effet médiatique, Mme Merkel avait dressé un catalogue sans appel des « erreurs » du gouvernement SPD-Verts sur les relations de Berlin avec les États-Unis (Irak), la Russie (Tchétchénie), la Chine (droits de l’homme), la Turquie (adhésion refusée par la CDU au profit d’un partenariat privilégié), sur l’Union européenne (élargissement) et même les relations avec Paris. Dans ce jeu de ping-pong diplomatique, la constitution d’une grande coalition, avec les protagonistes des différentes orientations d’avant 2005, avait tout pour renforcer un nouveau consensus – du moins en politique étrangère, où les principaux axes de réflexion se rejoignent malgré les divergences.

L’année 2007 aura permis à la chancelière de faire preuve de ses talents cachés, notamment au cours du premier semestre dans le cadre de la présidence allemande du Conseil européen. Les députés du Parlement européen lui adresseront leurs félicitations pour avoir mené les difficiles débats de main de maître. Sur la question du texte constitutionnel pour l’Europe (dont la nouvelle formule allégée a été abusivement revendiquée par l’Élysée), Berlin n’a pas hésité à menacer de s’en prendre de front aussi bien à Tony Blair qu’à Lech et Jaroslaw Kaczynski, en Pologne. Avec succès. Et pas seulement sur ce sujet : les décisions sur la protection du climat, les négociations sur l’adhésion de la Turquie, la redéfinition de la politique de voisinage portent indéniablement la signature de la chancelière.

Tout au long de ses quatre années de gouvernement, la chancelière et son ministre des Affaires étrangères n’ont pas manqué d’afficher leurs différences, mais c’est Angela Merkel qui semble l’emporter sur la meilleure manière de presser l’adversaire, sans pour autant hausser le ton et provoquer la rupture. Qui n’a pas souri d’entendre le chef du gouvernement parler de protection du climat ou de maintien de la paix à l’Assemblée générale des Nations unies à New York – deux thèmes de prédilection de la presse allemande – laissant au chef de la diplomatie des sujets moins médiatiques et plus délicats tels que les relations avec l’Iran ou la question du Kosovo ? Frank-Walter Steinmeier peut inscrire malgré tout à son actif la relance du quartet (Union européenne, Nations unies, Russie, États-Unis) au Proche-Orient, même si l’évolution de la situation dans la région n’est guère propice à la distribution de lauriers. L’opinion publique allemande partage volontiers les reproches de naïveté formulés à l’adresse de Mme Merkel, à l’opposé du pragmatisme attribué à son prédécesseur. Mais l’attitude réservée, certains diront hésitante, de la chancelière, contrastant avec les discours-spectacles de Gerhard Schröder, lui confère une aura de sérénité, celle d’un chef du gouvernement au-dessus de la mêlée, gérant dans la discrétion les problèmes de la République.

À qui les lauriers?

A de nombreuses reprises, alors que le SPD ne cesse de reprocher à Angela Merkel son manque de décisions, la chancelière a choisi de mettre en valeur l’action du gouvernement de coalition qu’elle dirige depuis 2005. Elle rend souvent hommage au travail de tous ses ministres, sans exception, et sans distinction de parti, mais elle précise que dans plusieurs domaines, notamment économiques et financiers, elle estime pouvoir aller beaucoup plus loin dans la perspective d’une prochaine coalition avec le parti libéral FDP. Même si elle dénonce les supposées tentations du SPD à s’allier avec la nouvelle gauche (ce que les sociaux-démocrates réfutent, sans toujours convaincre), elle va jusqu’à se féliciter en sa qualité de chef du gouvernement, des divergences et différences de jugement, qu’elle estime bénéfiques à la recherche de bonnes solutions. Tout succès, mais aussi tout échec de son ministre des Finances Peer Steinbrück (SPD) auprès de l’opinion publique sont en fait des épines dans le pied des dirigeants sociaux-démocrates, qui approuvent secrètement des décisions jugées pourtant trop néolibérales par l’aile gauche et qui risquent, en critiquant la chancelière, de toucher leur propre ministre. Soulignant sans ambages son soutien à la filière nucléaire, elle choisit pourtant de ne pas empiéter sur les terres de son ministre SPD de l’Environnement, hostile à l’atome, dans l’attente de jours « meilleurs » avec un autre partenaire de coalition.

Il est indéniable que CDU et SPD avaient réussi, avant la crise économique, à baisser notablement les chiffres du chômage, la fiscalité des entreprises a été réformée, le poids de la bureaucratie diminué, la réforme de la santé a été menée à son terme, malgré les réticences des citoyens. La politique d’intégration des immigrés a fait des progrès significatifs, symboliques certes, mais favorables à un climat plus détendu, notamment grâce à un dialogue institutionnalisé entre le gouvernement et les représentants des ressortissants musulmans vivant en Allemagne, sous l’égide du très conservateur ministre de l’Intérieur, qui a réussi par ailleurs à faire voter une loi permettant le contrôle des disques durs d’ordinateurs dans des cas graves pour mieux lutter contre le terrorisme. Le ministre n’a cependant pas réussi à faire en sorte que les soldats allemands puissent intervenir dans les frontières du pays en cas de menace terroriste – ce qui suppose une modification de la Constitution.

La coalition a rendu obligatoire l’assurance-maladie, plus de 12 000 médicaments sont désormais remboursés totalement, l’interdiction de fumer dans les restaurants a été obtenue malgré les protestations, l’âge de la retraite a été porté à 67 ans (progressivement jusqu’en 2029), 500 000 nouvelles places en crèches pour les moins de trois ans seront à la disposition des parents d’ici 2013, l’allocation familiale pour les parents qui gagnent peu a été augmentée, une loi contre la pornographie sur Internet a été votée. Un point de litige demeure cependant, exploité par les sociaux-démocrates : la chancelière refuse toujours l’adoption d’un salaire minimum généralisé, préconisé par le SPD.

En apportant son soutien au président sortant Horst Köhler (CDU) pour sa réélection en mai 2009, Angela Merkel a pris le risque d’une défaite, même symbolique, à quatre mois des élections générales – mais le chef de l’État a été réélu et la chancelière a pu se présenter dans le camp des vainqueurs. Tout comme au lendemain des élections européennes : son parti a certes perdu des voix par rapport à 2004 (où les résultats traduisaient une désaffection face au gouvernement de Gerhard Schröder), mais il est sorti en tête du scrutin, loin devant les sociaux-démocrates en chute libre. L’opinion publique retient plus facilement les premiers de la classe, même s’ils doivent leur réussite à la faiblesse des autres élèves.

Prudente, voire réticente, Angela Merkel a été critiquée pour son manque de décisions dans le soutien de l’État en faveur des établissements bancaires frappés par la crise. Mais ses arguments, qui invitent les chefs d’entreprises à mettre de l’ordre dans leurs affaires et les banquiers à limiter leurs salaires faramineux avant de solliciter l’aide de l’État, satisfont une bonne partie de l’électorat, époustouflé par la valse des milliards d’euros de garanties accordées aux banques en difficulté.

Au début de l’année 2009, alors que la crise commençait à frapper durement le pays, l’ancien chancelier social-démocrate Helmut Schmidt, connu pour ses analyses sévères, félicitait la chancelière pour le travail accompli par la coalition. Pour lui, l’action gouvernementale aura été plus positive que l’appréciation de la presse sur ce sujet. Et pour répondre à tous ceux qui reprocheraient à Angela Merkel de ne pas avoir de vision claire de la politique à mener pour le pays, certains ont repris la remarque incisive de Helmut Schmidt, préconisant en 2005 à ceux qui auraient des visions d’aller chez le médecin…

Il est difficile de juger l’action de la chancelière en fonction des critères habituels : Angela Merkel est la première femme parvenue à la tête d’un grand parti politique, elle a osé s’en prendre publiquement à son prédécesseur Helmut Kohl pour relancer la CDU au lendemain de l’échec de 1998 et elle est la première femme à avoir accédé à la chancellerie. Mais elle est aussi le premier chef de gouvernement originaire de RDA, ce qui a fait dire à Gerhard Schröder que ses origines expliquaient les « tendances émotionnelles » de sa politique. La formule de l’ancien chancelier a finalement été perçue par bon nombre d’électeurs plutôt comme un compliment ! Comme si Angela Merkel avait réussi à donner une image plus humaine de la politique allemande. Cela ne suffit certainement pas à gagner des élections, dont l’issue dépend beaucoup des mathématiques ! Car pour devenir chancelier à Berlin, il faut disposer d’une majorité parlementaire, ce qui, en présence de cinq ou six partis (CDU, CSU, SPD, FDP, Verts et peut-être la nouvelle gauche), tient plus du casse-tête que de l’idéologie.

Face à un SPD affaibli, qui a aligné six présidents de parti depuis que la CDU a choisi Angela Merkel pour chef de file en 2000, la chancelière fait campagne sur des thèmes sociaux (famille, retraites, chômage), considérés pourtant jusqu’ici comme l’apanage de la gauche. Elle se présente en porte-parole de l’écologie en favorisant des mesures de sauvegarde du climat, malgré le bougonnement de l’industrie automobile. Elle veut conduire en personne la bataille de la réforme des marchés financiers. Elle mène le débat de politique sociale en reprenant de vieilles revendications du SPD (sur l’aide aux familles par exemple). Mais elle fait la fine bouche en refusant de faire des promesses en disant quand son prochain gouvernement, si elle est élue, baissera les impôts – une revendication formulée par son propre parti (notamment l’aile bavaroise) qui pousse les sociaux-démocrates à des surenchères peu crédibles compte-tenu des caisses de l’État ou trop timides aux yeux de l’aile gauche du parti et insuffisantes pour la nouvelle gauche, dirigée par Oskar Lafontaine, lui-même ancien président du SPD. Et pour semer le doute, la CDU va jusqu’à ne pas exclure une coalition avec les Verts qui viennent de critiquer ouvertement le SPD, mais qui n’ont pas pour autant l’intention de se faire étouffer par les conservateurs. Quant aux Libéraux, partenaires préférés de la CDU, ils ont droit eux aussi à quelques petites phrases assassines dans la bouche même de la chancelière : « S’ils veulent revenir au gouvernement, ils devront cesser de promettre le bleu du ciel ».

Attention aux sondages

Angela Merkel peut miser sur quelques atouts, gagnés après quatre années de chancellerie : selon une enquête de l’Institut de démoscopie Infratest publiée fin juin, la majorité des électeurs la considèrent comme compétente (80 %), crédible (72 %) et sympathique (69 %). Elle donne l’impression de savoir ce qu’elle veut, sans être obligée de hurler pour s’imposer. Si les Allemands avaient le choix de désigner directement leur chef de gouvernement, sans passer par le Bundestag, Angela Merkel obtiendrait quelque 60 % des suffrages, contre 27 % seulement à Frank-Walter Steinmeier.

Forte de l’expérience de 2005, la Chancelière reste prudente à la lecture de sondages favorables. Mais elle n’ignore pas que la faiblesse du SPD indique clairement que la gauche modérée, face à l’essor relatif de la nouvelle gauche et au bon score des Verts, devrait contraindre les sociaux-démocrates à se régénérer en faisant un détour d’au moins quatre années sur les bancs de l’opposition – ou à accepter un renouvellement de la grande coalition de 2005 sous sa direction.

Certains résultats, acquis dans l’esprit de l’Agenda 2010 défini par son prédécesseur, ont fait prendre conscience aux Allemands que les réformes, tellement critiquées quand Gerhard Schröder était au pouvoir, étaient indispensables pour faire face à la crise. En pratiquant une politique du juste milieu, entre les mesures draconiennes du gouvernement Schröder et ses propres conceptions libérales de l’économie de marché, Angela Merkel a surpris son propre électorat, peu favorable à un virage à gauche, mais aussi celui de ses adversaires politiques, condamnés à critiquer une politique qu’ils ont eux-mêmes définie ou à chercher dans le détail des mesures celles qui ne mériteraient pas le sceau de la social-démocratie.

Certaines prises de position, par exemple la critique publique adressée au pape après l’affaire de l’évêque négationniste, n’ont pas été du goût de tous, notamment chez les catholiques de la CDU. Même à gauche, on reconnaît pourtant que – Vatican ou pas – il était du devoir d’un chef de gouvernement allemand de s’exprimer avec fermeté, lorsqu’il est question du chapitre le plus tragique de l’Histoire allemande.

Angela Merkel surprend ses « amis » politiques qui n’ont pas toujours digéré plusieurs mesures sociales ou des aides accordées à l’industrie automobile et aux banques, alors que les petites et moyennes entreprises se voyaient refuser des soutiens de la même importance. Mais Angela Merkel se contente d’écouter et de ridiculiser ces débats qui « font sourire les observateurs étrangers ». Après tout, d’autres leaders politiques ont eux aussi préconisé des nationalisations provisoires, et ils ne sont pas tous de gauche. Les craintes de l’électorat conservateur, traduites par plusieurs défaites au niveau régional, auront pourtant permis à Angela Merkel d’écarter de son chemin les prétendants, qui attendaient l’échec de leur présidente pour prendre sa place.

Avec cette philosophie du grand écart, à laquelle la chancelière et son ministre des Affaires étrangères sont tous deux confrontés, Mme Merkel peut se contenter fin septembre d’un score médiocre, à condition que le parti libéral ne s’essouffle pas en fin de course, comme ce fut le cas en 1998 et 2002. Si tel était le cas, la chancelière remettra son pragmatisme en exergue en préconisant de reconduire la grande coalition avec le SPD. Angela Merkel aime user d’un vieux proverbe africain pour définir son travail : « Si tu veux aller vite, marche tout seul. Si tu veux aller loin, marche avec les autres ».


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