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Premiers pas


Mars 1949. La revue mensuelle Travaux de l’Action populaire , ancêtre de Projet , publie dans son numéro 28 un dossier sur l’avenir de l’Europe. Jean Weydert, jeune jésuite de l’équipe de l’Action populaire, signe un article de 10 pages sur la Déclaration universelle des droits de l’homme. Adoptée le 10 décembre 1948 au Palais de Chaillot lors de la troisième session de l’Onu, cette déclaration constitue-t-elle un progrès ? A travers les débats sur cette nouvelle Déclaration des droits s’affrontent les deux blocs européens nés d’une guerre à peine achevée. Le texte final est donc un compromis, « dépassant à la fois le libéralisme individualiste et le socialisme marxiste » écrit Jean Weydert. C’est sa faiblesse, critiquent beaucoup. C’est sa force, semble-t-il estimer pour sa part. Et, avec René Cassin, chef de la délégation française, d’appeler de ses vœux une large diffusion de cette Déclaration. Extraits.

« Cette Déclaration, dans l’esprit même de ceux qui l’ont adoptée, ne représente qu’un premier pas. Elle doit être suivie d’une Convention entre Etats et de mesures d’application qui constitueront, avec la Déclaration, « le Pacte international des droits de l’homme » […] Peut-on espérer que Convention des droits de l’homme et les mesures d’application seront votées un jour ? Il ne faut pas se dissimuler que l’acceptation par tous les Etats de règles de droit positif rencontrera plus de difficultés encore que la proclamation d’un idéal commun. Il faudra bien cependant en venir à ces mesures pratiques si l’on veut être fidèle à l’esprit qui a inspiré la déclaration […] L’intérêt de ce texte nous semble être (pourtant) de se détacher – bien imparfaitement – de l’individualisme libéral, et d’ouvrir – trop timidement peut-être – des perspectives communautaires. L’article 29, en particulier, affirme que le libre et plein développement de l’homme n’est possible que dans la communauté. Il tranche ainsi nettement sur la conception individualiste selon laquelle le seul rôle de la société est de protéger l’existence et la liberté de l’individu contre ses ennemis de l’intérieur et de l’extérieur. Il se distingue aussi de la conception collectiviste qui, tout en cherchant à promouvoir la personne, affirme qu’elle ne trouve sa dignité que dans la fonction sociale qu’elle remplit. Peut-être pourrait-on plutôt rapprocher [cette] conception de la philosophie personnaliste pour laquelle l’homme est à la fois individuel et social ; individuel parce qu’il a une vocation propre à remplir ; social parce qu’il ne peut se réaliser que dans la solidarité et dans la communion avec les autres hommes ».


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