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Itinéraire : Michel Tubiana


Né en Algérie en 1952, Michel Tubiana est avocat. Son enfance algéroise, dans une période plus que troublée, puis mai 68, l’ont poussé à entrer tôt en politique. Etudiant, il fut membre de la JCR, puis du Mouvement d’action judiciaire. Son engagement professionnel militant l’a conduit naturellement à la Ligue des droits de l’homme dont il est aujourd’hui le président.

Projet - Vous êtes connu comme militant des droits de l’homme. Est-ce pour vous un engagement de longue date ?

Michel Tubiana - Mon premier acte militant, je l’ai posé durant mes études au lycée, en expédiant à l’infirmerie un camarade qui m’avait traité de « sale juif ». J’avais 14 ou 15 ans. Par la suite sont venues d’autres prises de conscience. J’ai quitté l’Algérie en 1962 comme la majorité des pieds noirs, à l’âge de dix ans. J’ai été moins touché par l’indépendance de l’Algérie que par les violences dont j’ai été témoin : l’appartement de mes parents était au centre d’Alger, nous étions aux premières loges.

Ma famille était très imprégnée de l’idéal républicain. J’ai appris bien plus tard que mon père avait été secrétaire de la section d’Alger de la Ligue des droits de l’homme dans les années 30. Son monde s’est écroulé lorsqu’il a perdu la nationalité française, par décision de Pétain. Toute une vision, celle du juif républicain, s’effondrait. Ensuite, mon père n’a pas compris pourquoi les revendications algériennes lui retombaient dessus alors que notre famille était depuis longtemps implantée en Algérie. Il a ressenti son départ comme une profonde injustice.

La seconde coupure, pour moi, fut celle de 1968. Ce fut une seconde naissance militante, une coupure non seulement politique, mais aussi personnelle. Certaines choses n’étaient pas possibles avant, par simple autocensure sans doute ; elles le sont devenues après. Cependant, je n’ai jamais été tout à fait à l’aise dans un militantisme organisationnel de parti. J’ai fréquenté la JCR, mais je m’interrogeais quand on m’expliquait qu’il fallait poser des congés, que je ne devais pas fumer de joint, et surtout quand on me reprochait mes lectures. Certaines de celles-ci déplaisaient : Drieu La Rochelle, Montherlant...

Débuts d’avocat

J’ai poursuivi mes études de droit tout en commençant à travailler, dans un cabinet d’avocat. J’ai très tôt mesuré le hiatus entre l’université et la pratique.

A partir des années 1968 s’est créé le « Mouvement d’action judiciaire » (MAJ) qui regroupait aussi bien des avocats que des magistrats. Il se situait à l’extrême-gauche du nouveau Syndicat de la magistrature qui venait de se créer et du Syndicat des avocats de France : c’était un pur produit de 68. C’est dans ce cadre que j’ai rencontré plusieurs personnes qui ont été importantes pour moi : Jean-Jacques de Félice, Henri Leclerc... Ils m’ont mis « le pied à l’étrier », en me donnant une vision politico-professionnelle, me faisant partager la connaissance intuitive qu’ils avaient des rapports de force, des manières de faire. Le MAJ voulait réformer en profondeur la pratique judiciaire, cependant il ne s’agissait pas de calquer sur le milieu judiciaire le modèle d’une assemblée générale de mai 68, mais de travailler à le reconstruire sur d’autres bases, non corporatistes.

Par l’intermédiaire de Jean-Jacques de Félice, je me suis intéressé à l’affaire Croissant, cet avocat allemand de la bande à Baader, qui avait cherché refuge en France. Il a été extradé nuitamment, nonobstant tout recours. A cette occasion, j’ai rencontré Henri Noguères, alors président de la Ligue des droits de l’homme. Même en cette période de basses eaux, l’organisation conservait une implantation nationale, et avait à sa tête une personnalité charismatique. Celui-ci a su faire venir à la Ligue toute ma génération, dont Bertrand Main, qui a su redonner à la Ligue une fonction politique qui s’était estompée. En 1973, lors de l’interdiction de la LCR, la Ligue était parvenue à rassembler toutes les forces de gauche, sauf paradoxalement les membres de la ligue dissoute interdits de participation officielle, pour un meeting au Cirque d’Hiver. Un peu plus tard, la Ligue créait le groupe « Droits et libertés dans l’institution militaire », pour lutter contre la répression envers les « comités de soldats ». A travers toutes ces initiatives, mon engagement à la LDH est devenu plus important.

Ma pratique professionnelle d’avocat aussi m’a façonné. Il est vrai que j’avais la possibilité de choisir les causes que je défendais. Celle de Croissant en fut la première expression très publique – même si d’autres avocats étaient plus prestigieux que moi (Jean-Jacques de Félice ou Roland Dumas). En 1979-80, j’ai plaidé dans l’affaire des radios libres. Les procès se déroulaient dans une atmosphère assez réjouissante, présageant un peu des mouvements sociaux d’aujourd’hui. Même les magistrats les plus répressifs n’envisageaient pas d’envoyer des gens en prison pour avoir fait de la radio. C’était à la fois intéressant sur le plan juridique, par exemple pour faire avancer la convention européenne (à l’époque, on ne reconnaissait pas les recours individuels). Mais c’était aussi tout un mouvement pétillant de vie, d’intelligence et d’impertinence (une de mes interventions, lors d’une audience, fut diffusée en direct sur une radio !).

La défense des Canaques

Projet - Vous avez été aussi un acteur, comme avocat puis comme médiateur, en Nouvelle-Calédonie ?

Michel Tubiana - Ce fut en effet une circonstance de ma vie qui a beaucoup compté, sur tous les plans, politique et personnel. Ayant séjourné une première fois en Nouvelle-Calédonie, j’ai été amené à plaider la cause d’un « Caldoche » indépendantiste, poursuivi pour avoir traité un magistrat de nazi (ce qui était vrai...), et je me suis fortement attaché au peuple Kanak.

Dans cet autre hémisphère, l’eau ne coule pas dans le même sens dans les lavabos ! Et c’est pareil pour tout le reste. Ceux avec qui je pouvais nouer un dialogue politique, et que je ressentais comme étant de mon camp, étaient des pasteurs et pas les mouvements laïques, ce qui n’était pas sans interroger ma propre culture. Nous nous heurtions ensemble à un véritable racisme, bien supérieur à celui que l’on avait connu en Algérie : « Le problème canaque, il y a des fours à nickel pour le régler. » Les journaux de la fin du xixe siècle ne craignaient pas d’écrire : « La colonne du commandant Martin est entrée dans la tribu ; les hommes étaient partis, nous avons tué les femmes, les enfants et les vieillards. » En Algérie, on disait les choses autrement...

J’ai assumé la défense des Canaques entre 1980 et 1990, faisant jusqu’à un voyage par mois certaines années. J’ai eu une espèce de coup de cœur pour ce territoire et pour ses habitants. Pour autant, je n’étais pas fasciné par le système tribal comme pouvaient l’être certains. L’affirmation de la propriété collective cachait aussi un système de domination. Mais il régnait surtout une véritable logique d’apartheid : jusqu’en 1946, les Canaques n’avaient aucune citoyenneté. Tous les soirs, ils étaient tenus de sortir de la ville de Nouméa au coup du canon ! Une telle situation n’avait existé dans aucune autre colonie française.

Un mouvement politique canaque s’est peu à peu organisé. Ce nationalisme était ouvert sur l’ensemble de l’aire mélanésienne de la région. Mais l’élan de départ s’inscrivait dans une réflexion de Nidosh Nessline, un grand chef canaque assez radical dans les années 1970. A la suite des manifestations, il avait été poursuivi pour avoir rédigé des tracts en langue vernaculaire (il était interdit d’écrire en Kanak...). La réaction de Nessline – « J’étais heureux parce que je voyais la haine dans les yeux des Blancs. Et on ne hait pas son chien » – témoignait bien de la nature des rapports entre populations.

Projet - Comment analysez-vous le moment politique qui conduira aux accords de Matignon ?

Michel Tubiana - De multiples manières. Il était important de répondre à la situation d’injustice faite aux Canaques, sans naïveté à l’égard des suites d’une éventuelle indépendance. J’étais un « blanc de service ». J’étais là pour aider les Canaques. Ils ne me devaient rien. Mais par rapport à une partie de l’opinion française, j’éprouvais un hiatus. Certains de ceux qui soutenaient les Canaques proposaient de mettre les Caldoches dans des bateaux. Mais là-bas, personne ne disait cela ! Les Caldoches sont des victimes de l’histoire qui se sont fait piéger deux fois.

Le personnage de Jean-Marie Tjibaou représentait une interface extraordinaire, à la fois complètement canaque et, face aux Européens, complètement européen. Il vivait de l’une et l’autre culture. Personne n’a aujourd’hui son envergure, personne ne bénéficie de la même reconnaissance. Il avait la légitimité, involontaire et horrible, d’avoir eu dix membres de sa famille assassinés. Le procès avait fait scandale, car les accusés avaient été acquittés.

Projet - Etsur le processus de Matignon et les accords de la rue Oudinot ?

Michel Tubiana - En fait, il y a eu deux étapes : d’abord le processus de Matignon qui intervient avant l’élection de François Mitterrand, puis les premiers accords de Nouméa.

L’idée de Michel Rocard fut particulièrement heureuse, de constituer une mission de dialogue. Elle a permis d’aller au-delà du sang versé. Mais les choses se sont gâtées ensuite. Michel Rocard et son équipe se sont posés en arbitre ; or pour un arbitrage, il faut que les règles du jeu soient égales pour tous et que l’arbitre soit neutre. La République française n’était pas neutre. Analysant le rapport de forces, Jean-Marie Tjibaou a dû accepter ce qu’autrement il n’aurait pas accepté. Alors que les moyens existaient pour conduire l’autre côté à modifier les règles du jeu, le gouvernement a accepté de laisser le système intact et ce système d’économie de comptoir est profondément injuste et perdure aujourd’hui encore.

A titre d’exemple, un rapport de l’office foncier local aurait permis de peser sur la concrétisation des accords, en menaçant de renvoyer en correctionnelle certains responsables du RPCR qui avaient confondu leur poche, leurs amis et leur rôle institutionnel. Le gouvernement a refusé explicitement de s’en servir. Dans son environnement régional, la Nouvelle-Calédonie a sans doute besoin de s’appuyer sur la France mais cela ne nécessitait pas d’organiser le maintien de la présence française en laissant Jacques Lafleur accaparer tous les pouvoirs. Les accords ont donc certes profité aux Canaques mais encore plus aux Européens. A cela s’ajoute que pour être efficaces, ces accords nécessitaient la présence d’un parti canaque fort et la mort de Jean-Marie Tjibaou a pesé considérablement et pèse encore.

Projet - L’avenir de la Nouvelle-Calédonie demeure incertain ?

Michel Tubiana - En se positionnant comme il l’a fait, le gouvernement de la République s’est interdit de rétablir l’équilibre. Il a déversé beaucoup d’argent, multipliant les subventions par dix, sans rien changer au système. Leur répartition entre Canaques et Caldoches, détenteurs des entreprises privées, est restée la même. Et l’Etat s’est en même temps affaibli.

La Ligue des droits de l’homme sur le terrain

Projet - Pendant ce temps, vous avez poursuivi votre militance à la Ligue ?

Michel Tubiana - Pendant toute cette période, j’ai continué mon activité au sein de la LDH dont j’étais le secrétaire général depuis 1984, allant en province deux fois par semaine, en moyenne, rédigeant nombre de textes. Puis je suis devenu vice-président, ce qui était une fonction plus reposante... Cela m’a permis d’être mobilisé six mois par le procès de Maurice Papon.

Projet - Vous avez évoqué Henri Noguère, qui en était le président...

Michel Tubiana - C’est une personnalité à laquelle je suis énormément redevable. Il a su nous mettre en situation de responsabilité. Il était un homme de grand caractère, intelligemment intransigeant sur les principes, ne confondant pas la forme et le fond, et d’une indépendance à tout crin. Il faisait confiance : j’ai effectué, grâce à lui, la première mission de la Ligue des droits de l’homme et de la FIDH sur la situation en Palestine en 1982, au moment du drame de Sabra et Chatila.

Cela s’inscrivait dans la continuité de mes engagements antérieurs, les droits de l’homme, l’antiracisme..., mais j’ai acquis ensuite une conscience sociale, en liant ensemble droits individuels et droits économiques et sociaux. Et je crois être resté fidèle à mes idées, c’est peut-être prétentieux de dire cela : je n’ai fait qu’affirmer ma position, fût-ce en abandonnant une certaine rhétorique.

Projet - Quelle est pour vous la place du droit ?

Michel Tubiana - Je n’ai pas un fétichisme du droit. Je n’oublie pas qu’il est d’abord l’expression d’un rapport de force, un rapport qui est, à un moment donné la transcription d’un pas franchi par l’humanité. Les droits de l’homme sont une étape : celle-ci permet ensuite d’agir. Mais si l’on est tenté, comme aujourd’hui, de demander aux tribunaux de résoudre des problèmes politiques, on se trompe lourdement. La primauté reste au politique. Le progrès actuel est d’appeler à ce que cette politique soit encadrée par des principes généraux, qui sont ceux des droits de l’homme. Mais, en aucun cas, on ne saurait faire une politique des droits de l’homme.

Projet - Revenons, si vous le voulez, sur la période de « refondation » de la Ligue des droits de l’homme.

Michel Tubiana - Pour permettre une certaine évolution, il était nécessaire que certains de nos militants « émérites » prennent du recul.

La Ligue s’est rajeunie : ce fut une démarche volontaire. De nouvelles sections ont été créées, qui ont pris progressivement toute leur place, à côté de celles plus anciennes. La Ligue, aujourd’hui, compte 320 sections, 10 000 adhérents. C’est encore bien peu, comparé aux 300 000 membres dans l’entre-deux-guerres, mais c’est beaucoup au regard des 3 000 d’avant cette refondation.

On ne milite guère à la Ligue quand on est jeune ; cela nécessite une réelle fermeté sur les principes et la capacité de les mettre en perspective, mais aussi l’agilité qui permet d’être à la fois au cœur des institutions et aux côtés du mouvement social, hors des institutions. On peut à la fois réunir un congrès à l’Assemblée nationale et réclamer du gouvernement Jospin la régularisation des sans papiers. Les motifs du militantisme sont extrêmement larges. Mais une chose est certaine, nous ne cherchons pas à être un ersatz des partis politiques.

Projet - La Ligue des droits de l’homme se veut consubstantielle à la République. Qu’est-ce que cela veut dire ? Comment définiriez-vous l’espace où vous vous situez ?

Michel Tubiana - Nous sommes à la fois un contre-pouvoir politique et une association. Nous ne proposons pas un programme. La Ligue n’est pas simplement une association de pensée, ou d’agitation politique. Les militants veulent aider les gens à faire respecter leurs droits face aux administrations. C’est cette action de terrain qui structure la présence de la Ligue au quotidien.

Mais ce qui me navre aujourd’hui, c’est de voir que sur le plan proprement politique, nous apparaissons parfois comme la seule opposition face au gouvernement. La Ligue n’a jamais cherché à être une alternative aux partis politiques. Quand ceux-ci sont en déshérence, la démocratie va très mal. La Ligue ne peut pas proposer un contre-projet de société face au programme de M. Sarkozy. Je ne peux intervenir que comme une « bonne âme », et contribuer à créer un rapport de forces politiques sur ce terrain.

Projet - Dans cette position de contre-pouvoir, retrouvez-vous d’autres acteurs ?

Michel Tubiana - Nous avons appris à travailler avec beaucoup de gens. Les évolutions de la société nous le permettent. Celles de l’Eglise catholique, par exemple. Mais nous travaillons aussi avec des mouvements religieux musulmans : cela aurait été impossible il y a vingt ans ! Il nous a fallu apprendre à dialoguer avec tous ceux qui y étaient prêts sur un certain nombre de sujets.

Ce développement est heureux : nous allons vers une société plus riche, plus complexe. Les marques de fabrique sont moins définitives que jadis. Il est, certes, plus difficile de le vivre, parce que un certain nombre de certitudes se sont écroulées. Ce développement permettra, à terme, de revisiter, non pas les principes, mais leur mise en œuvre. Le débat sur la laïcité, en particulier, récurrent à la Ligue, met tout à fait cela à jour. La loi qui impose la séparation de l’Eglise et de l’Etat garantit aussi le libre exercice du culte. Or les musulmans n’ont pas, de fait, le droit d’exercer leur culte de la même manière que les autres. Il eût été difficile autrefois de faire admettre à des militants la nécessité de se battre aussi pour le libre exercice du culte musulman. La grande question est de savoir comment rétablir l’équilibre en faveur d’un fait religieux aujourd’hui discriminé.

Il faut cesser de considérer qu’être laïc, c’est être contre les religions. C’est vouloir assurer un contrat civique et se protéger d’une mainmise temporelle des religions.

Dans l’Europe

Projet - En Europe, aussi, la place du politique est interrogée. Assiste-t-on à une confrontation de pratiques étatiques différentes ?

Michel Tubiana - Je n’ai pas la sensation que l’on soit dans une confrontation. Senghor l’exprimait finement : « Le peuple français est un grand peuple, un peuple merveilleux, il veut le pain, il veut la justice, il veut la liberté pour le monde entier, mais il veut que ce pain, cette justice, cette liberté, soient français. » Et l’Europe, je crois que c’est un peu comme cela qu’on la vit.

Regardez ce qui concerne la laïcité : dans l’Europe du sud, on assiste à la reconnaissance de la pluralité des Eglises et de leur place dans le champ social, dans l’Europe du nord, on voit une volonté de venir à la loi de 1905, dans des pays où il existe une religion d’Etat. La France a une expérience à faire valoir là-dessus, mais pas de leçon à donner. La construction de la société française nous est propre, A cet égard, nous n’avons pas à rougir de 1905, des inventaires, je pense qu’il fallait casser un pouvoir clérical.

Ce n’est pas tant les figures d’application qui posent problème : c’est l’Europe elle-même. Et je suis inquiet. La perception de l’Europe qu’ont ses habitants est telle que l’on risque le rejet. Le marché, sans dimension sociale, sans démocratie, une Constitution qui vient d’en haut, n’est-ce pas catastrophique ? Alors que l’Europe est une nécessité : un certain nombre d’enjeux ne seront pas résolus en termes nationaux.

Projet - Cet élargissement a-t-il des conséquences pour la Ligue ?

Michel Tubiana - Nous avons toujours eu une dimension internationale. En 1922, avec les Allemands, fut fondée la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme. C’est la plus ancienne Ong internationale. Mais impulser une dimension européenne n’est pas le plus facile. Cela tient, d’une part, à l’absence dans les autres pays (sauf en Belgique) d’organisation généraliste comme la Ligue française et, d’autre part, à des spécificités politico-culturelles lourdes. Ces difficultés sont d’autant plus insurmontables qu’il existe un vide politique, et que beaucoup ne ressentent rien de positif à l’égard de l’Europe.

Comment renouer avec un projet universaliste ? Il faut, je crois, chercher des formulations positives. On ne saurait en rester à la simple formulation d’oppositions. Les Etats-Unis s’enferment aujourd’hui dans une approche tellement caricaturale qu’ils obèrent tout débat. En tout état de cause, l’altérité n’est pas une condition suffisante pour structurer un projet autonome. Celui de l’Europe, s’il avait pour seule finalité de lutter contre l’impérialisme américain, n’entraînerait pas l’adhésion. Ce n’est pas le « contre » mais le « pour » qui est mobilisateur. C’est dans cette voie qu’il nous faut avancer aujourd’hui


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