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Editorial


L’an dernier, au moment des fêtes de Noël et du passage à l’an 2000, la pérennité des paysages forestiers français était profondément ébranlée. Futaies ou taillis dévastés, un fil était rompu. Par le bois, ils disaient le récit ou l’histoire des hommes à travers les âges. Lors des tempêtes des 26 et 27 décembre, l’écologie précaire des espèces qui cohabitent ou seulement voisinent était bouleversée. D’un seul coup, l’inscription du temps dans la terre, le sol et la géographie s’altère. Economique ou patrimonial, sentimental ou possessif, esthétique ou symbolique, notre attachement à ce bien commun apparaissait dans la brutalité et la soudaineté de l’événement. Nous tenons à nos paysages forestiers : nos ancêtres, nos amis ou nous-mêmes, parfois, les avons dessinés, façonnés et entretenus. Aujourd’hui, le nettoyage des parcelles a commencé. Demain, d’autres arbres viendront.

L’image de la forêt, ce bien commun, de sa vulnérabilité et de sa replantation, évoquera peut-être pour Projet et ses lecteurs un autre attachement au « monde commun » dont nous portons le souci. Qu’un événement important survienne, nous essayons d’en mesurer les retournements et les implications. Enjeux économiques, rendez-vous politiques, débats médiatiques, accidents majeurs ou guerres civiles, interventions militaires ou processus de paix invitent à s’étonner, à comprendre quelle dynamique fait naître, en creux, un avenir commun possible. Le changement peut affecter de l’intérieur des représentations imaginaires ou des cultures mais aussi l’équilibre des rapports de forces économiques ou politiques, les modes de vie quotidiens comme les diverses organisations collectives, des plus immédiates aux plus globales.

Les événements et les transformations du monde commun nous invitent à une double lecture, comme une double respiration. Il est d’abord des questions qui perdurent. Pour que chacun, citoyen ou responsable, puisse s’en saisir, il faut de la persévérance, la lente patience de celui qui ébauche, qui affine, qui laisse un temps pour revenir à nouveau. Des questions qui accompagnent. Parce qu’elles correspondent à un changement ou à un ajustement des rationalités scientifiques, économiques ou politiques qui concourent à notre univers. Des questions qui persistent, tant qu’elles ne sont pas prises en compte par les institutions qui animent le vivre ensemble.

A ces questions, Projet veut continuer d’apporter son attention à travers les dossiers proposés. La vie associative est un creuset de la citoyenneté. Les rapports entre élus et citoyens invitent à concevoir de nouvelles médiations (n° 265). Les thèmes de nos précédents dossiers demeurent d’actualité. La réforme de la santé publique (n° 263) ou la réflexion sur le risque (n° 261) – avec l’épidémie de maladie « de la vache folle » – sont toujours devant nous.

D’autres problèmes peuvent appeler à un propos plus engagé. Ils ne se résolvent pas seulement grâce à de nouvelles configurations techniques, et l’audace de parler, d’ouvrir des pistes ou de prendre position est l’occasion de faire avancer le débat. Dans cette direction, Projet porte son regard sur l’actualité. Par des prises de positions. Dans ce numéro, nous donnons la parole à Monique Chemillier-Gendreau sur la place du droit international et son ambition, et à Paul Oriol sur la question du droit de vote des étrangers. Et par des chroniques, qui analysent concrètement les évolutions en cours.

L’équipe de Projet a souhaité que ces deux approches soient plus claires et plus lisibles dans la revue. Elles vous sont livrées sous deux titres : « dossier » et « actualité ». Une telle distinction ne fait pas disparaître la méthode et la richesse de Projet : croiser les regards, prendre au sérieux la complexité des champs, envisager des scénarios portés par les choix éthiques, s’appuyer sur un réseau d’auteurs eux-mêmes participant à la vie économique, politique et sociale et aux débats qui structurent notre société.

Portée par les jésuites du Ceras qui en animent la rédaction au quotidien, Projet s’inscrit dans une tradition qui privilégie la rencontre et l’échange dans la recherche d’un bien commun. Les propositions du Ceras que vous retrouverez à la fin de chaque numéro vous en donneront le goût. Pour ma part, je suis heureux de vous inviter à des rencontres qui vous permettront de faire davantage connaissance avec la revue, ou de la faire connaître à d’autres. Je vous y donne rendez-vous !

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