Peut-on imaginer une entreprise exclusivement tournée vers l’intérêt général tout en étant soumise aux contraintes du secteur concurrentiel ? Cet ouvrage offre une plongée stimulante dans le monde des entreprises d’insertion, en suivant le parcours d’ADC Propreté. L’Atelier du Cefres, qui a débuté son activité en 1982 dans une vieille maison louée à la mairie de Nantes, est aujourd’hui une société anonyme de nettoyage industriel bien établie, avec 5 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, son propre siège, toutes les certifications et 250 salariés, dont une centaine en situation d’exclusion. Christian Chauvigné, Philippe Lerouvillois et Jean-Luc Souchet nous font découvrir le quotidien d’ADC Propreté, avec ses acteurs passionnés jouant les équilibristes entre le projet d’insertion et la nécessaire rentabilité économique. Les auteurs apportent ensuite les points de vue complémentaires d’une perspective historique de l’insertion et d’analyses psychosociologiques sur les parcours d’insertion et financières sur l’entreprise. À l’image d’ADC Propreté, c’est tout un secteur qui se réinvente sans cesse. Avec la baisse des financements publics, la mission d’insertion est de plus en plus financée par les marges d’exploitation : la contrainte économique risque de s’imposer au détriment du rôle social. Faut-il, comme le suggèrent les auteurs, intégrer encore plus les entreprises d’insertion dans les structures de l’économie classique (labellisation, partenaires sociaux) ou au contraire affirmer un modèle d’entreprise alternatif en s’appuyant davantage sur les territoires (plus-value sociale intéressante pour les collectivités) et sur les citoyens qui redécouvrent la valeur des circuits courts, à l’image des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) ?

Pour aller plus loin

• François Marty, « La fraternité passe par l’innovation », Revue-Projet.com, 22/09/2012
• Georges Jousse, Martin Pochon, Martine Cool, « Passerelles », Revue-Projet.com, 01/01/2007