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Quand le « community organizing » arrive en France

Session de formation au
Session de formation au "community organising", 2011 (c) Mark parker/Flickr/licence CC by 2.0
Les déçus des dispositifs de concertation se tournent désormais de plus en plus vers le « community organizing ». Cette pratique née outre-Atlantique, théorisée par S. Alinsky, vise l’émancipation des classes populaires, selon des méthodes éprouvées. Quelles en sont les filiations ? La nouveauté ? La portée dans le contexte français ?

Le community organizing connaît un fort engouement ces dernières années dans le milieu de la démocratie participative, de la politique de la ville, du travail social ou de l’éducation populaire. Certains y voient une pratique à même de redonner du pouvoir aux catégories populaires, là où les dispositifs participatifs peinent à faire bouger les lignes. D’autres n’y voient qu’un effet de mode, proposant un nouveau visage à des expérimentations disposant d’une longue histoire dans les quartiers populaires français. Sans trancher ce débat, en quoi ce transfert d’une méthode de participation américaine peut-il intéresser, au-delà des groupies de Saul Alinsky, ceux qui cherchent à initier d’en bas une transformation sociale ?

Une forme radicale d’« empowerment »

Des pratiques directement inspirées du community organizing anglo-saxon ont émergé en France depuis la fin des années 2000. D’abord à l’initiative de l’Alliance citoyenne (à Grenoble) et du collectif « Stop le contrôle au faciès » (en banlieue parisienne), la référence à Alinsky se diffuse rapidement à travers la publication de plusieurs rapports, de dossiers de revue et de l’organisation de séminaires et de conférences qui remettent au goût du jour cette pratique pourtant ancienne outre-Atlantique1. Ce regain d’intérêt (un des ouvrages d’Alinsky avait été traduit dès 1976 en France, preuve d’une attention ancienne au sein du milieu du travail social2) s’inscrit dans le contexte d’une déception largement partagée à l’égard des formes instituées de participation – conseils de quartier, réunions de concertation, débats publics, etc. – et d’une volonté d’impulser des pratiques participatives autonomes venues d’en bas, bottom up, à même de développer le pouvoir d’agir des habitants, notamment les plus modestes, qui participent en général peu à la vie civique3. À ce titre, le community organizing est apparu comme une des formes les plus radicales et ambitieuses d’empowerment.

On peut définir le community organizing comme un projet d’émancipation des classes populaires, qui passe par la constitution de contre-pouvoirs locaux face à l’influence de l’État et des forces du marché. Il repose sur une participation en nombre de la population, mais requiert l’intervention de professionnels déployant des méthodes de mobilisation fortement rationalisées. S’il apparaît dans les années 1930 à l’initiative de l’activiste Saul Alinsky, il s’est fortement développé depuis, d’abord aux États-Unis puis à l’étranger. Le community organizing constitue à la fois un projet politique – accroître le pouvoir des classes populaires, les « have-nots » d’Alinsky, afin de permettre la redistribution des richesses en leur faveur et, plus largement, la démocratisation de la société – et le moyen pour y parvenir. Il repose sur un certain nombre de principes, tels la valorisation du conflit et du rapport de force pour produire du changement, ainsi qu’une forme d’anti-paternalisme, comme le souligne la phrase répétée par les community organizers : « Ne jamais faire pour les gens ce qu’ils peuvent faire par eux-mêmes. »

Ce qui démobilise tout particulièrement les classes populaires, c’est le sentiment que leur participation ne change pas leur vie.

Depuis son émergence, le community organizing n’a cessé de se professionnaliser et de se standardiser, via la mise au point de méthodes rationalisées qui reposent sur trois piliers principaux4 :

- mobiliser : « la force de ceux qui n’ont rien, c’est le nombre », avancent souvent les community organizers. Si bien que la tâche première de ces organisations est de pousser les gens à sortir de chez eux, à participer et s’engager dans la vie publique. L’essentiel du temps de travail des salariés de ces associations est consacré à mobiliser les habitants sur le terrain, en ayant recours à diverses techniques qui vont du porte-à-porte à la réunion d’appartement, de l’entretien individualisé (one-on-one) au démarchage à la sortie de l’école ou de la messe ;

- former : afin que les habitants mènent véritablement la danse et ne soient pas dominés par des salariés plus dotés qu’eux, il convient de les former et de les accompagner. Si le community organizing s’appuie sur un anti-paternalisme, il refuse tout spontanéisme. C’est en participant, mais aussi en suivant des cours d’histoire politique sur les luttes passées, par des jeux de rôle et des mises en situation, que les habitants se politisent et deviennent des leaders de quartier.

- gagner : ce qui démobilise tout particulièrement les classes populaires, c’est le sentiment que leur participation (électorale ou à des dispositifs participatifs) ne change pas leur vie. Dès lors, tout l’enjeu est de briser le cercle de la résignation, de montrer que l’engagement peut payer en obtenant ici et maintenant des victoires qui améliorent le quotidien des habitants. Le community organizing repose donc sur la conduite de campagnes concrètes : sur le logement social, les conditions d’éducation ou l’accès aux transports en commun, etc. S’il convient d’obtenir de petites victoires rapidement, rien n’interdit d’aller plus loin. La coalition de plusieurs organisations permet parfois d’obtenir des avancées plus importantes, qui se traduisent par une réelle redistribution des richesses5.

Des affinités avec l’histoire du mouvement ouvrier

Ces préceptes ont été importés en France à la fin des années 2000. L’expérience de l’Alliance citoyenne de Grenoble – la forme la plus ancienne et chimiquement pure de community organizing dans l’Hexagone, certains lui reprochant une forme d’orthodoxie trop rigide – comporte plusieurs innovations par rapport aux pratiques associatives traditionnelles dans les quartiers populaires.

Tout d’abord, elle est fortement standardisée, le community organizing reposant sur un ensemble de règles et de méthodes précisément définies. Si cette tendance s’inscrit dans une certaine procéduralisation de la participation ces dernières années, à l’Alliance citoyenne, cela se traduit surtout par une forme de stakhanovisme mobilisateur : les salariés passent plusieurs dizaines d’heures par semaine à faire du porte-à-porte pour recruter de nouveaux membres. Ils comptabilisent précisément le nombre de portes auxquelles ils ont frappé, de gens rencontrés et de nouveaux membres prêts à adhérer. Chez certains salariés, cette forme de managérialisation du travail militant a été mal vécue, apparaissant en contradiction avec les idéaux émancipateurs du community organizing et conduisant à un certain turn over au sein de l’équipe. Les dirigeants de l’Alliance considèrent néanmoins que la fin justifie les moyens, et que même si le travail d’organisateur est éprouvant, il est la base de la méthode. En termes d’allocation des ressources organisationnelles, le community organizing consacre par conséquent bien plus de temps à mobiliser les habitants qu’à organiser des conférences et des réunions, ce qui contraste fortement avec le répertoire d’action traditionnel du monde associatif et de la démocratie participative. L’autre pas de côté est la recherche d’une réelle autonomie à l’égard des pouvoirs publics. À l’instar de Marie-Hélène Bacqué et Mohamed Mechmache qui déploraient la mainmise des élus sur les associations des quartiers populaires6, l’Alliance citoyenne a initialement refusé toute forme de subvention publique afin d’assurer son autonomie. Alors qu’en général, cette volonté d’autonomie se traduit par le recours au bénévolat, la professionnalisation fait partie intégrante du modèle de l’Alliance. Financée principalement par des fondations, elle essaie aujourd’hui de développer l’autofinancement par ses 400 adhérents, preuve que la méthode fonctionne. Ce modèle économique n’en demeure pas moins précaire, les salariés étant mal payés, ce qui redouble les difficultés à recruter des acteurs qui s’investissent dans la durée.

L’accent mis sur la formation des membres rappelle aussi les écoles du Parti, où on cherchait à politiser des leaders communistes et à faire émerger une aristocratie ouvrière.

Si, en France, le community organizing opère un certain nombre de décalages par rapport aux formes plus instituées de participation, il entretient également des affinités électives avec des pratiques plus anciennes. Tout d’abord, on retrouve des problématiques qui touchent tout le secteur associatif en France : précarité, managérialisation et temps important consacré à répondre à des appels à projet7. Ensuite, l’Alliance citoyenne s’appuie fortement sur des méthodes d’éducation populaire bien rodées, notamment dans ses pratiques de formation qui, si elles sont innovantes dans ce champ, ne lui sont pas propres. Par ailleurs, le community organizing est nourri par la tradition de l’action directe non-violente, des pratiques expérimentées aussi bien par le mouvement des droits civiques que le mouvement pacifiste ou écologiste.  Enfin, la généalogie la plus directe – même si elle n’est pas la plus évidente – est peut-être avec le mouvement ouvrier. L’idée selon laquelle la mobilisation des classes populaires requiert l’intervention de professionnels fait directement écho à la figure du « militant professionnel », avant-garde de la révolution, chère à la tradition léniniste8. L’approche d’Alinsky a cependant pris ses distances avec ces formes d’avant-gardisme où le militant professionnel risque de substituer sa parole à celle de la population, formalisant le rôle d’un organisateur professionnel, mais en retrait, en appui, quand bien même des formes de domination symbolique peuvent parfois ressurgir. L’immersion des organisateurs dans les quartiers rappelle également la présence des militants communistes sur les marchés et dans les cages d’escalier, ou celle des syndicalistes dans les usines. Dans les deux cas, on considère que le moyen le plus sûr de la mobilisation demeure la proximité entre les leaders et leur base, voire une forme d’identification réciproque. Enfin, l’accent mis sur la formation des membres rappelle aussi les écoles du Parti, où on cherchait à politiser des leaders communistes et à faire émerger une aristocratie ouvrière. On voit ainsi qu’en dépit de réelles innovations, le community organizing peut s’appuyer sur des pratiques militantes anciennes pour les renouveler.

Pas de démocratie sans contre-pouvoirs puissants

Le community organizing cherche à recréer des espaces intermédiaires entre la population et les institutions, à la suite de l’effondrement de nombre de ces espaces, du fait du déclin du mouvement ouvrier – que l’on songe aux mouvements d’éducation populaire, aux syndicats ou aux partis politiques. Cependant, ces organes intermédiaires ne sont pas pensés comme des courroies de transmission, vers les institutions ou vers le parti, mais comme des espaces autonomes et, potentiellement, comme des contre-pouvoirs. À la différence de la démocratie participative telle qu’elle s’est développée en France depuis les années 1980, et qui repose sur une conception coopérative et délibérative de la participation, le community organizing remet au goût du jour la notion de contre-pouvoir et la vertu du conflit dans la dynamique démocratique. Dès le départ, Alinsky considère que la société est traversée par des clivages qu’il convient d’organiser plutôt que de nier. La démocratie est alors pensée comme la construction par friction d’un bien commun qui ne pourra jamais satisfaire tout le monde9, l’enjeu étant que celui-ci se fasse dans l’intérêt du plus grand nombre et notamment des classes populaires. À ce titre, nourri par la tradition syndicale, le community organizing considère que les plus grandes avancées sociales ont toujours été le fruit de rapports de force plus ou moins conflictuels débouchant sur des compromis. On peut considérer qu’une des difficultés de la démocratie participative telle qu’elle s’est développée depuis une trentaine d’année en France est liée à la négation de la conflictualité sociale, matérialisée par des espaces de participation théoriquement ouverts à tous mais profitant, de fait, généralement aux acteurs les mieux dotés socialement. Il peut dès lors apparaître nécessaire d’imaginer d’autres formes de participation, articulant des espaces d’auto-organisation de la population – des contre-pouvoirs créant du rapport de force – et des arènes venant ensuite permettre la négociation et la co-production du bien commun10.

Plusieurs théoriciens de la participation ont souligné que la démocratie participative ne pouvait fonctionner sans l’investissement actif et critique de mouvements sociaux à la fois à l’intérieur des dispositifs – à l’image du budget participatif de Porto Alegre, au Brésil, où les organisations populaires jouaient un rôle d’aiguillon dans les assemblées – mais également en dehors, en poussant les élus à tenir leurs promesses de démocratisation, à les prendre au mot quand ils parlent de pouvoir d’agir et de co-construction des politiques publiques11. Car si les pouvoirs publics peuvent avoir intérêt, sur le long terme, à l’épanouissement de véritables espaces de participation autonomes, sous peine que la colère citoyenne ne s’exprime autrement, les intérêts court-termistes des élus les incitent parfois à réprimer les dynamiques qu’ils n’arrivent pas à contrôler12. Pourtant, entre une abstention qui devient majoritaire, des partis populistes toujours plus puissants et le risque jamais absent de violences, une démocratie d’interpellation reposant sur des espaces de participation puissants et autonomes apparaît comme une alternative plus que jamais désirable.



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1« Le community organizing : développer le pouvoir des citoyens ? », École nationale des travaux publics de l’État, Vaulx-en-Velin, 14-16 mars 2012 ; Jacques Donzelot, Yacine Djaziri, Anne Wyvekens, « Banlieues et quartiers populaires. Remettre les gens en mouvement », Terra nova, n° 27, 2012 ; Leyla Arslan, Réda Didi (dir.), Organisez-vous ! Construire la participation politique dans les quartiers populaires, Fondation Jean-Jaurès, 2013 ; « Le community organizing : politisation et action collective dans les quartiers populaires », séminaire de l’Université Lille 3/Université Paris Ouest-Nanterre, 2013 (coord. par Hélène Balazard, Marie-Hélène Bacqué, Marion Carrel, J. Talpin) ; H. Balazard, M. Carrel, Simon Cottin-Marx, Yves Jouffe, J. Talpin (dir.), « Ma cité s’organise. Community organizing et mobilisations dans les quartiers populaires », dossier de la revue Mouvements, n° 85, mars 2016.

2 Il a depuis été réédité, avec un titre plus fidèle à la version originale : S. Alinsky, Être radical. Manuel pragmatique pour radicaux réalistes, Bruxelles, Aden, 2012 [1971, trad. de l’américain par Odile Hellier et Jean Gouriou].

3 M.-H. Bacqué, Carole Biewener, L’empowerment, une pratique émancipatrice ?, La Découverte, 2015 [2013 pour la 1re édition].

4 Il existe désormais aux États-Unis des instituts de formation au community organizing et quelques masters universitaires spécialisés, quand bien même la plupart des salariés américains sont encore formés « sur le tas » après des études de sciences sociales. En France, il n’existe pas de formation spécialisée, bien que des cours dédiés commencent à apparaître au sein de certains diplômes universitaires de sociologie. La plupart des professionnels sont issus du milieu de l’éducation populaire et du travail social. La création d’un « institut Alinsky » pourrait prochainement contribuer à formaliser la transmission de ces pratiques.

5 À ce sujet voir J. Talpin, Community organizing. De l’émeute à l’alliance des classes populaires aux États-Unis, Raisons d’agir, 2016.

6 M.-H. Bacqué, M. Mechmache, « Pour une réforme radicale de la politique de la ville. Ça ne se fera plus sans nous. Citoyenneté et pouvoir d’agir dans les quartiers populaires », rapport au ministre délégué chargé de la Ville, juillet 2013.

7 Matthieu Hély, Les métamorphoses du monde associatif, Puf, 2009.

8 Cette généalogie n’est pas entièrement surprenante, Alinsky ayant été fortement inspiré par les pratiques syndicales des années 1930 aux États-Unis.

9 Une conception qui rejoint celle développée par François-Xavier Verschave dans « Démocratie : on joue mieux avec un ballon gonflé », Revue Projet, n° 357, avril 2017 [NDLR].

10 À l’image de ce que nous avons pu observer à Roubaix. Cf. Paula Cossart, J. Talpin, Lutte urbaine. Participation et démocratie d’interpellation à l’Alma-Gare, Éd. du Croquant, 2015.

11 Archon Fung, Erik Olin Wright, « Le contre-pouvoir dans la démocratie participative et délibérative », in M.-H. Bacqué, Henri Rey, Yves Sintomer (dir.), Gestion de proximité et démocratie participative. Une perspective comparative, La Découverte, 2005, pp. 49-80.

12 J. Talpin, « Une répression à bas bruit. Comment les élus étouffent les mobilisations dans les quartiers populaires », Metropolitiques.eu, 22/02/2016.


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