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Climat : de la science à la politique

Après le passage du typhon Haiyan aux Philippines, en novembre 2013 ©Jason Gutierrez/IRIN
Après le passage du typhon Haiyan aux Philippines, en novembre 2013 ©Jason Gutierrez/IRIN
En décembre 2015, la France accueille la Conférence sur le climat de l’Onu. Quel en est l’enjeu ? Que sait-on aujourd’hui des changements climatiques ? Où en est le processus de négociation onusien ? Petit tour d’horizon [publié en septembre 2014].

Cop21 : l’expression sera bientôt sur toutes les lèvres. En décembre 2015, la France accueillera la 21e conférence des parties (Cop) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Devrait y être signé le premier traité universel et légalement contraignant, destiné à contenir le réchauffement climatique sous les 2°C par rapport à la période préindustrielle. Dans quels contextes scientifique et politique ? Que savons-nous aujourd’hui de l’évolution du climat, de son origine, de ses conséquences ? Pourquoi l’Organisation des nations unies (Onu) investit-elle tant dans ces négociations depuis vingt ans ? En quoi la conférence de Paris est-elle différente des précédentes ? Qu’en attend-on précisément ? Petit tour d’horizon d’un enjeu décisif pour notre avenir.

L’influence de l’homme

Le Giec
Les négociations dans le cadre de la convention onusienne s’appuient sur les publications du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Créé en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale et le Programme des nations unies pour l’environnement, il publie régulièrement des rapports d’évaluation et des rapports spéciaux qui font le point sur l’état des connaissances sur le changement climatique, ses impacts présents et à venir sur nos sociétés, les solutions pour l’adaptation et l’atténuation (la réduction des émissions de gaz à effet de serre). Autrement dit, le Giec n’est pas lui-même un lieu de recherche académique : il dépouille l’ensemble de la littérature scientifique, technique et socio-économique faisant autorité et en établit une synthèse appréciative. Le cinquième rapport d’évaluation a été publié fin 2013 et courant 20141. Sa synthèse finale sera présentée le 2 novembre 2014 à Copenhague.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec, cf. encadré) considère que l’augmentation de la température moyenne de surface de l’atmosphère terrestre est aujourd’hui sans équivoque. Entre 1880 et 2012, elle s’est réchauffée en moyenne de 0,85°C, et chacune des trois dernières décennies a été plus chaude que toutes les décennies précédentes depuis 1850. Localement, les variations de température peuvent être plus ou moins fortes, dépassant déjà les 2°C dans plusieurs régions. L’océan, qui a emmagasiné environ 90 % de l’énergie accumulée depuis 1971, s’est réchauffé de 0,11°C par décennie depuis cette date. La cryosphère est en recul : calottes glaciaires, glaciers, banquise arctique et le manteau neigeux de l’hémisphère nord au printemps fondent et montrent des pertes croissantes de glace et d’étendue. Le niveau des mers a connu une accélération de sa vitesse d’élévation par rapport aux deux millénaires passés, atteignant 3,2 mm par an depuis 1993 (en tout 0,19 m entre 1901 et 2010). Enfin, le pergélisol2 se réchauffe dans la plupart des lieux (+3°C en Alaska). De très nombreux changements biologiques et écologiques viennent appuyer ces constats, comme la migration d’espèces vers les pôles ou l’avancée de la date de floraison printanière.

Dans son rapport, le Giec estime qu’il est « extrêmement probable que l’influence de l’homme est la cause principale du réchauffement observé depuis le milieu du XXe siècle »3. Tous les mots de cet énoncé comptent. Par « extrêmement probable », les experts entendent un niveau de confiance très précis4 : entre 95 % et 100 % de probabilité. Le Giec précise aussi que les activités humaines sont la cause « principale » du réchauffement : cela signifie que d’autres facteurs sont effectivement en jeu, mais que leur influence est moindre. Enfin, il s’agit bien du réchauffement « depuis le milieu du XXe siècle », car pour la période qui précède, on ne dispose pas de mesures assez précises et fiables.

Les activités humaines influencent le système climatique par les émissions de gaz à effet de serre (GES). L’effet de serre est un phénomène naturel et bénéfique pour la vie : les GES capturent les rayonnements infrarouges renvoyés par la terre et réchauffent l’atmosphère. Sans cela, au lieu des +15°C expérimentés en moyenne à la surface du globe, nous devrions faire face à une moyenne de -18°C. Ils sont comme une couverture recouvrant la terre ; les risques proviennent de ce que nous rendons cette couverture plus épaisse. Le bilan énergétique de la terre5 montre en effet que le forçage radiatif6 d’origine humaine total en 2011 par rapport à 1750 est de +2,29 W/m2, quand celui du rayonnement solaire est seulement de +0,05 W/m2. Parmi les gaz à effet de serre, le dioxyde de carbone (CO2) compte à lui seul pour +1,68 W/m2. C’est bien plus que le méthane (CH4 [0,97]), les hydrocarbures halogénés (0,18) ou le protoxyde d’azote (N2O [0,17]), même si ces derniers ont un pouvoir réchauffant plus important.

La fenêtre d’action se referme

Les émissions d’origine humaine (anthropiques) proviennent des activités qui se sont développées avec la révolution industrielle, en particulier la combustion des énergies fossiles et les changements d’usage des sols. En quelques décennies, nous avons rejeté dans l’atmosphère de grandes quantités de carbone qui avaient été enterrées et s’étaient lentement transformées durant des millions d’années. La courbe d’évolution de la concentration de CO2 dans l’atmosphère montre une croissance exponentielle depuis le XVIIIe siècle, avec une accélération marquée dans la seconde moitié du XXe siècle. Les niveaux mesurés aujourd’hui sont sans précédent depuis 800 000 ans. Alors que, durant cette période, ils ont oscillé entre 180 et 280 ppm7, ils ont atteint le seuil symbolique de 400 ppm le 9 mai 2013 à la station de Mauna Loa, à Hawaï. Et, pour la première fois en avril 2014, ce seuil a été dépassé en moyenne mensuelle dans toutes les stations météorologiques de l’hémisphère nord. En tout, par nos émissions de CO2, nous avons relâché 555 gigatonnes de carbone dans l’atmosphère depuis 1750, dont 155 ont été absorbées par l’océan (entraînant une acidification de l’eau : le pH a diminué de 0,1) et 160 par les écosystèmes terrestres. En valeur relative, nous avons augmenté la concentration de CO2 de 40 %.

Depuis 1750, nous avons augmenté la concentration de CO2 dans l’atmosphère de 40 %.

À court terme, le réchauffement va se poursuivre quoi que nous fassions. D’abord, parce que le carbone que nous émettons s’accumule, du fait de la continuité de nos émissions et de sa durée de vie dans l’atmosphère. Non seulement une bonne part du CO2 reste déjà dans l’atmosphère entre cinquante et cent ans, mais une partie conséquente (20 à 40 %) de nos émissions y demeurerait même des milliers, voire des centaines de milliers d’années8. À cela s’ajoute que l’atmosphère a une inertie thermique. Pour reprendre une image d’Andrew Dessler9, de la même façon qu’un plat mis dans un four préchauffé ne cuit pas instantanément (il lui faut au moins une vingtaine de minutes), l’atmosphère soumise à un forçage radiatif positif ne se réchauffe pas immédiatement, mais avec un effet retard de plusieurs années. Ce réchauffement déjà « dans les tuyaux » est estimé entre 0,3 et 0,7°C d’ici 2035, par rapport à la moyenne sur la période 1986-2005. À l’horizon 2100 cependant, l’augmentation de température varie entre 0,3 et 4,8°C selon les scénarios d’émissions. Les tendances observées pour les autres composantes du système climatique (océan, cryosphère, etc.) se poursuivraient, avec toutefois des intensités différenciées selon le scénario considéré. Sur le très long terme, les changements climatiques induits par nos émissions perdureront plusieurs siècles ou millénaires.

L’accumulation du CO2 et l’inertie thermique de l’atmosphère rendent urgent l’engagement destiné à limiter le réchauffement à 2°C d’ici 2100 : la fenêtre d’action est déjà en train de se refermer. Le seul scénario qui permette d’atteindre cet objectif exige que les émissions mondiales de GES atteignent un pic en 2020, puis décroissent régulièrement pour être réduites de 40 à 70 % en 2050 (par rapport à 2010) et pour être proches de zéro en 2100. Ceci nécessite, avant tout, un changement complet de notre système énergétique (production, transport, isolation des bâtiments, etc.). Et pour que les émissions commencent à décroître à l’horizon 2020, ces politiques doivent être décidées et mises en œuvre sans délai.

De Rio à Copenhague

D’ores et déjà, les changements climatiques ont des conséquences socio-économiques néfastes.  Nous sommes, par exemple, bien documentés sur les pertes en rendement des cultures de blé et de maïs dans de nombreuses régions, ainsi que sur des évolutions de la pluviométrie qui rendent l’eau plus rare ou en amoindrissent la qualité en de multiples endroits – deux changements qui touchent ce qu’il y a de plus nécessaire : la nourriture et l’eau. Si notre humanité continue sur sa lancée, les impacts sur les sociétés humaines sont potentiellement10 dramatiques : montée des eaux, multiplication et intensification des événements météorologiques extrêmes (vagues de chaleur, sécheresses, inondations, cyclones et feux), manque d’eau et baisse en qualité, décroissance des rendements agricoles, chute de la biodiversité. Ceux-ci provoqueraient la destruction des moyens de subsistance, des migrations massives, des crises sociales, économiques, sanitaires, des décès par milliers voire par millions, des conflits sociaux ou armés. Il n’est pas exclu, même, qu’un emballement climatique résulte du franchissement d’un ou de plusieurs points de basculement (tipping points)11.

Ces dommages toucheront toutes les nations, mais les populations seront frappées de façon inégale dans le temps et dans l’espace : les générations à venir, les nations qui ont contribué le moins aux changements et les personnes les plus pauvres et vulnérables auront à en souffrir le plus. En effet, la carte des impacts futurs montre leur concentration dans les pays dits « en voie de développement ». Or les personnes ou nations pauvres sont moins bien équipées pour y répondre : les fonds manquent pour s’adapter en amont ou prendre soin des victimes lorsqu’un événement advient – qu’il soit ponctuel, comme un typhon, ou progressif, comme une désertification. Au-delà d’un défi politique, technique et économique redoutable, le changement climatique pose une question morale de premier plan.

Conscientes de la gravité de ces menaces, les nations réunies au Sommet de la terre de Rio ont adopté un premier traité : la Convention-cadre des nations unies sur les changements climatiques. Signée en 1992 par 192 parties12, elle est entrée en vigueur en 1994. Les parties se rencontrent tous les ans lors de la conférence des parties, l’« organe suprême » de la convention (article 7, §2). La première (Cop1) s’est tenue à Berlin, en 1995, la dernière (Cop19) à Varsovie en novembre 2013. L’objectif est de « stabiliser […] les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique » (article 2). Deux principes méritent d’être relevés : les parties doivent agir « sur la base de l’équité et en fonction de leurs responsabilités communes mais différenciées et de leurs capacités respectives » (article 3, §1). Et l’action est commandée par un principe de précaution (article 3, §3)13.

La réalisation majeure de la convention a été la signature du Protocole de Kyoto en 1997. Celui-ci est devenu l’outil opérationnel de la Convention, obligeant légalement les pays développés signataires à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre – eux seuls étaient alors concernés, selon le principe des responsabilités différenciées évoqué plus haut. Depuis, les Cop sont ainsi des réunions des parties signataires de Kyoto14. La première période d’engagement s’est achevée en 2012. Sachant que le protocole prendrait fin à cette date, et eu égard à la croissance des émissions dans des pays qui n’étaient pas « développés » en 1997 (et donc non contraints par Kyoto), les parties avaient décidé d’adopter un autre protocole à la Cop15 de Copenhague, en 2009. L’échec fut patent.

Vers Paris Climat 2015

Les négociations prirent du temps à se remettre en route. Dans l’intervalle, un amendement au Protocole de Kyoto fut adopté à Doha, en 2012, prévoyant une deuxième période d’engagement, entre 2013 et 2020. Mais les raisons qui avaient poussé à chercher, à Copenhague, la conclusion d’un accord universel, légalement contraignant, ambitieux et équitable, demeuraient, de façon accentuée. La seconde période d’engagement prend fin en 2020 et les pays émergents sont devenus de grands émetteurs : la Chine a dépassé les États-Unis et pris la première place en 2006, sans parler de l’Inde, de la Russie, ou de la Corée du Sud15 – au point que la somme des émissions des pays en développement surpassera celle des pays développés dans la décennie à venir16. C’est à Durban, en 2011, que les parties ont décidé qu’elles signeraient cet accord lors de la Cop21 en 2015 (la France fut officiellement désignée comme hôte en 2013).

La somme des émissions des pays en développement surpassera celle des pays développés dans la décennie à venir.

Depuis Durban, des Cop d’étape jalonnent la route vers « Paris Climat 2015 ». La Cop21 sera quasiment jouée dès son jour d’ouverture en fonction du chemin parcouru (ou non) auparavant. En ce sens, la Conférence de Lima, en décembre 2014, et les sessions de négociation intermédiaires (à Bonn), seront au moins aussi importantes que la Cop21. Cette année, les sessions intermédiaires ont vu de réels progrès, et les premiers éléments d’un brouillon de traité, sur lequel travaillera la Cop20, devraient être mis sur la table en octobre.

Le chemin à parcourir sera toutefois long et ardu. Des progrès sont nécessaires sur tous les grands objets de négociation. Prenons deux exemples. Concernant la réduction des émissions, la Cop19 s’était montrée décevante : là où étaient attendus des engagements chiffrés dès la Cop20, elle en appelait à des « contributions » des États « bien avant » la conférence de Paris et « d’ici le premier trimestre 2015 pour les pays qui le peuvent ». Comme les nations elles-mêmes proposeront leurs objectifs, des calculs devront être faits pour estimer si, tout compris, le compte y est pour rester sous les 2°C. Si cela ne devait pas être le cas, un second tour de contributions et de calculs serait nécessaire. Or il ne reste que quinze mois avant la Cop21 ! La finance est aussi un enjeu crucial : la transition vers un développement bas-carbone, l’adaptation et l’atténuation supposent des investissements importants. Les pays ne disposant pas d’une capacité économique suffisante doivent être aidés. Si le Fonds vert pour le climat est en passe d’être opérationnel, des doutes subsistent sur l’ampleur de sa capitalisation – qui vise 100 milliards de dollars par an en 2020 –, surtout dans le contexte économique que l’on sait.

Afin de mobiliser les plus hauts décideurs et de catalyser les ambitions, Ban Ki-moon a invité tous les chefs d’État à se retrouver à New York le 23 septembre 2014 pour une journée entière consacrée au climat. Une première. Espérons que cette impulsion nous permettra, trois mois plus tard, de quitter Lima armés d’un optimisme raisonnable.


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1 Il est constitué de trois parties intitulées : Climate change 2013. The physical science basis ; Climate change 2014. Impacts, adaptation, and vulnerability (en deux volumes) ; Climate change 2014. Mitigation of climate change. Elles sont disponibles sur le site officiel du Giec : www.ipcc.ch/report/ar5/.

2 Le pergélisol (permafrost en anglais) est une strate du sol gelée en permanence, et de ce fait imperméable [NDLR].

3 Giec, « Changements climatiques 2013. Les éléments scientifiques. Résumé à l’intention des décideurs », Giec, 2013, p. 15. L’italique est de l’auteur.

4 Voir les niveaux de confiance présentés dans Giec, « Changements climatiques 2013 », ibid., note 2, p. 2.

5 Nous ne pouvons effectuer ici une description exhaustive de ce bilan, qui est éminemment complexe. Nous renvoyons à la version intégrale de la première partie du rapport d’évaluation pour plus de détails.

6 Le forçage radiatif (« changement de flux énergétique causé par un facteur ») est positif quand il indique un flux positif d’énergie dans le système, comme lorsque le soleil devient plus puissant ; il est négatif quand, par exemple, la neige au sol réfléchit les rayons du soleil. Le forçage radiatif se mesure en Watt par mètre carré (cf. Giec, « Changements climatiques 2013 », ibid., note 14, p. 11).

7 « ppm » signifie « parties par million ». Cela correspond au nombre de molécules du gaz envisagé par rapport à un million de molécules d’air sec, soit, ici, de 180 à 280 molécules de CO2 par million de molécules de l’atmosphère.

8 Cf. David Archer et al., « Atmospheric lifetime of fossil fuel carbon dioxide », dans Annual review of earth and planetary sciences, vol. 37, 2009, pp. 117-134.

9 Andrew E. Dessler, Introduction to modern climate change, Cambridge University Press, 2012, p. 82.

10 On ne peut ici proposer une évaluation probabiliste précise. D’abord, parce qu’il faudrait envisager chaque impact pour lui-même. Ensuite, parce que la teneur et l’intensité des conséquences socio-économiques des changements climatiques dépendent des hypothèses de départ. Deux variables clés sont la trajectoire de nos émissions de GES et la qualité de l’adaptation préventive mise en œuvre (par exemple, un pays dont les côtes sont menacées par la montée des eaux bâtit-il des digues de protection ?).

11 Plusieurs sous-systèmes du système terre ont en effet un point de basculement plus ou moins bien identifié par la science. Par « point de basculement », on désigne le moment où une petite perturbation, qui auparavant avait des conséquences faibles, engendre cette fois-ci un changement d’état qualitatif de l’élément. Voir l’article de synthèse : Timothy M. Lenton et al., « Tipping elements in the earth’s climate system », dans Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 105, n°6, 2008, pp. 1786-1793.

12 Depuis au nombre de 195 (194 États plus l’Union européenne).

13 Au vu de la gravité des risques encourus, c’est ainsi qu’était traitée la question de l’incertitude scientifique, encore réelle en 1992.

14 C’est pourquoi l’abréviation complète de ces rassemblements est du type « Cop20-CMP20 », « CMP » correspondant à l’anglais « Conference of the parties serving as the meeting of the parties to the Kyoto protocol ».

15 On trouvera les estimations les plus récentes des émissions par pays sur le site de l’Emission database for global atmospheric research (Edgar) : http://edgar.jrc.ec.europa.eu.

16 Michel G. J. den Elzen et al., « Countries’ contributions to climate change : effect of accounting for all greenhouse gases, recent trends, basic needs and technological progress », dans Climatic change, vol. 121, n°2, novembre 2013, pp. 397-412.


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1 réactions pour « Climat : de la science à la politique »

Pascal LEGRIS
16 September 2014

Les hommes/femmes politiques aiment les certitudes et les scientifiques ne savent écrire que des incertitudes. Heureusement que le GIEC est là pour passer ces incertitudes dans une moulinette.
Non, sérieusement, comment prédire un réchauffement lorsqu'on est incapable de dire pourquoi la température moyenne de la planète (notion qui mériterait des précisions) n'augmente pas ou très peu depuis une quinzaine d'année - toutes les méthodes de mesure ne donnent pas le même chiffre mais toutes sont au moins d'accord sur la tendance.
Au sujet de cette pause, nos scientifiques ont trouvé au moins 29 excuses différentes (j'ai également pu découvrir quelques variantes non comptabilisées) : http://wattsupwiththat.com/2014/07/30/list-of-excuses-for-the-pause-now-up-to-29/
Avec un peu de chances, la bonne excuse est dans la liste, mais quelles certitudes peut on avoir.

A la fin, je finis par me demander si le GIEC n'est pas une machine à faire peur pour pouvoir augmenter la pression fiscale avec notre assentiment. Qui peut croire que nous allons pouvoir réduire autrement que marginalement nos émissions de CO2 ?
Il est légitime d'analyser les interactions entre l'homme et la nature, mais le CO2 n'est peut être pas l'aspect le plus important ni le plus dangereux. Il me semble opportun d'avoir une approche systémique où toutes les interactions sont prises comme un ensemble. Il y a encore beaucoup de travail pour les scientifiques.
Des signes montrent que le GIEC pourrait bientôt remplacer le réchauffement climatique par l'acidification des océans comme excuse pour demander un impôt sur le CO2.

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