Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Après les élections régionales, grand est le risque d’une polarisation de la vie politique française. Un risque malencontreux pour mener des réformes de fond, qui auraient besoin d’un large consensus.
La tension est de retour. Chez ceux qui n’y croyaient plus depuis le 21 avril et qui voient soudainement se lever des vents plus favorables. Comment se garder de verser dans l’euphorie d’un score jamais atteint depuis les législatives de 1981 ? Il y faut toute la patience et la responsabilité politique de celui qui sait que rien n’est jamais gagné, qui connaît la promptitude des Français à la critique.
Chez ceux qui ont été portés au pouvoir hier par une majorité écrasante pour engager des réformes de long terme, le dépit est manifeste. Comment prendre acte des attentes et retrouver la sérénité nécessaire à la poursuite de ce chantier ? Des réactions excessives se font entendre. Mais ne faut-il pas aussi résister à la tentation équivoque de surfer simplement sur les vagues de l’opinion ?
Malgré ce climat, il convient de poursuivre les réformes. Celle de l’assurance maladie nécessite la refondation d’un pacte de solidarité. Elle touche chacun d’entre nous, au plus intime. Elle engage les relations entre les générations, les solidarités entre les plus aisés d’entre nous et les plus fragiles. Elle appelle un dialogue nouveau entre ceux qui ont la pratique des négociations collectives et ceux qui sont souvent les oubliés, les sans-voix. L’essentiel de ces enjeux a été posé dans un rapport qui analyse les tenants et aboutissants d’une véritable politique de santé publique. Rien ne sera acquis sans l’autorité de responsables politiques qui sauront s’accorder suffisamment entre eux pour jouer leur rôle de médiateurs et finalement d’arbitres. Nous nous réjouissons que l’on ait renoncé aux ordonnances pour légiférer sur ce sujet. Nous espérons que cet enjeu majeur permette davantage de clarté et de responsabilité que ne l’avait permis le dossier des retraites.