Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
L’air de la ville ? On s’interroge sur sa qualité ! Non seulement il est synonyme de pollution et d’encombrement, mais surtout il est le reflet de l’air du temps. La ville s’étale et se fragmente. Elle est menacée par l’urbain, qui la réduit à n’être qu’un lieu de consommation, des plateaux offrant services et commerces, des réseaux et des flux entre zones et quartiers isolés, ghettos ou espaces privatisés.
Pourtant, l’air de la ville souffle aussi un « esprit », une culture partagée, un élan pour conjuguer les initiatives. La ville n’est pas engloutie par le développement urbain. Elle est même de retour, en un sens. Les politiques de la ville ne sont plus le fait d’aménageurs, elles mobilisent les élus locaux, se préoccupent des temps collectifs. Elles s’appuient sur un renouveau de participation, inchoative encore.
Certes, les individus ne sont plus de la même manière « acteurs » de leur cité. Comme ils négocient leurs engagements dans la famille et l’entreprise, ils choisissent leurs liens dans leur quartier ou hors de leur quartier. Mais le territoire de la ville est un élément dans la construction de leur identité. Des acteurs culturels, associatifs, économiques s’y enracinent pour donner sens à des projets.
La diversité culturelle et les effets de la mondialisation transforment la ville. Mais celle-ci n’est pas un espace passif, un simple carrefour. Elle donne forme à une structure nouvelle du vivre ensemble, chaque fois particulière, un projet, un espace où l’air est celui d’une nouvelle mobilisation.
C’est à ce paradoxe qu’est consacré ce dossier de Projet : comment mettre en avant l’unité de la ville, si fragile soit-elle ? Elle appelle aujourd’hui à combiner mobilité et enracinement.