Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

Théorie antiutilitariste de l’action

Alain Caillé La Découverte, 2009, 192 p. 19 €

Plutôt qu’un ouvrage, voici un recueil de textes – l’auteur parle lui-même de « fragments d’une sociologie générale » ou « d’esquisses de clarification conceptuelle » – rassemblés sous deux versants, l’individuel et le collectif. Bien naturellement, la thèse antiutilitariste de l’action est largement développée, illustrée de schémas très « compréhensifs » (au sens anglo-saxon). Cette systématisation n’exclut ni la finesse, ni l’exhaustivité citant par exemple (p. 63) le libre arbitre des chiots joueurs! Mis à part le chapitre un peu théorique consacré à l’encastrement (embe dedness), les développements sur le collectif (le politique et le religieux) sont particulièrement convaincants dans leur conception prudente mais très générale du politique (rapport de la société à elle-même, et mode de liaison des divers ordres), et par une définition quasi platonicienne du religieux : « relation de la société des humains avec la société universelle des invisibles, étendue par le truchement des symboles et des rites jusqu’à l’infini et à l’éternité ». Au total, une belle illustration de méthode abductive (ou constructionniste) qui laisse pourtant deux regrets : d’abord, parmi les soubassements, comment laisser leur place et leur autonomie imprévisible aux technologies (automatisme, communication, biologie…) ; ensuite, parmi les sujets non évoqués, comment réfléchir sur les mécanismes de la croissance (en taille et complexité) et de la survie des groupes humains durables.

Henri Laurent
8 juin 2009
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules