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Parcours précaires. Enquête sur la jeunesse déqualifiée

Philippe Brégeon Presses universitaires de Rennes, 2013, 190 p., 15 €

Alors que le taux de chômage n’a jamais été aussi élevé et que les statuts d’emplois précaires se sont multipliés et complexifiés, ce livre, dense et sobre, attire l’attention sur la part la plus précarisée des jeunes français(es). Issu d’un travail de terrain mené entre 2008 et 2011, il retrace le parcours de vie de vingt-trois d’entre eux, au prisme de leur entrée dans le marché du travail. À côté de l’histoire familiale, le poids des institutions et des dispositifs d’insertion est déterminant : en moyenne, ces jeunes ont été confrontés à soixante-trois institutions différentes depuis leur enfance ! Si un quart seulement les remettent en cause, le sociologue montre bien comment elles relaient – et parfois renforcent – les déterminismes sociaux (avec une discrimination particulièrement forte des femmes), d’où le développement d’un certain fatalisme. De fait, « le sens de l’expérience produit par les personnes elles-mêmes » est essentiel. C’est dans ce double jeu des structures sociales et des prises de position individuelles que s’élaborent des carrières, que l’on ne saurait réduire au domaine professionnel ; les dimensions amoureuse, résidentielle, amicale, etc. de ces vies sont tout aussi cruciales. Une typologie – qui respecte la complexité et la diversité des parcours – des rapports au marché de l’emploi est proposée. Soumis à une « hyper flexibilité », oscillant entre chômage et emplois temporaires, ces jeunes se distinguent entre « intégrés » et « déconnectés » aux deux extrêmes, « attentistes », « hyper volontaristes », « autonomes » et « empêchés » en position intermédiaire. Tous se retrouvant cependant dans l’aspiration à un travail utile et digne, où ils se sentiraient reconnus. Bien plus que des questions de rémunération, la qualité de l’emploi est fondamentale. Au final, cette enquête – que plusieurs annexes permettent de mieux appréhender – confirme « les études sur la dégradation de l’insertion socioprofessionnelle des populations à bas niveau de qualification ».

Jean Vettraino
6 mai 2013
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