Un ouvrage théologique de méthode originale : il s’agit de découvrir dans des récits d’itinéraires, dans la vie vraiment, comment en notre époque apparaît la foi, sachant qu’elle ne se dit pratiquement pas aujourd’hui en prenant appui sur une représentation métaphysique dissociant l’ici-bas et l’au-delà – sur aucune représentation métaphysique même, peut-on dire, au sens courant du terme. La foi est là au contraire dans une dimension fondamentale du devenir-sujet d’un homme, d’une femme («s’entendre appeler fils» au sens le plus radical du terme). Dans le respect de la liberté, que ne respecte pas au contraire assez le transcendentalisme d’un Karl Rahner, par exemple. La foi est là aussi dans tout ce qui est action traversant la violence, pour permettre à de nouveaux sujets d’accéder à la parole. Elle est là dans le plus authentique avènement du «neuf», dans la filiation, à nouveau, qui fonde toute les réconciliations expérimentées par les hommes. Passionnant. S’il est permis, au terme, de poser une question, ce serait celle-ci : les témoins présentés par Grieu ne reviennent sûrement pas à l’appui métaphysique, ne découvre-t-on pas cependant dans leur histoire une forme de dialectique de l’être, de l’homme, et fort radicale, engagée dans la dimension de filiation pleine et entière ? Ou encore, la foi n’est que dans cette ligne, et il est certain que le langage de nos contemporains se moule mal dans les langages précédents : ne serait-il pas utile cependant - pour répondre à la question de la continuité historique de la communauté croyante – d’examiner plus à fond s’il y a totale rupture, et seulement rupture, ou bien une certaine transmission d’expérience à expérience ?
6 juin 2004