Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

Maîtriser la mondialisation. La régulation sociale internationale

Pierre de Senarclens Presses de sciences po, 2000, 240 p., 21,03 €, 138 F

Sept universitaires autour du BIT réfléchissent sur la régulation de l’économie mondiale du point de vue « social ». Le sérieux de chacune des contributions et la pondération des jugements tranchent agréablement sur le fond généralement hautain des commentateurs habituels en ces domaines. Est entr’ouverte, enfin, la porte d’une vision moins manichéenne. Du coup apparaît, trop timidement il est vrai, l’idée que les Etats, et pas simplement les marchés, sont acteurs de la mondialisation ; et donc que l’on ne saurait opposer catégoriquement les seconds aux premiers. Le lecteur trouvera ici peu d’informations nouvelles ; mais il prendra plaisir à ces synthèses qui font de l’idée de régulation le maître mot de l’analyse. Certes, on ne peut trop attendre de ces auteurs habitués aux couloirs des organismes internationaux. De par leur statut et leur milieu, ils ne peuvent que céder au penchant bien compréhensible de magnifier la potentialité des Etats et des organisations, sans en analyser les contradictions internes. On s’étonne que, aujourd’hui encore, le keynésianisme soit invoqué comme le sésame de la politique socio-économique, alors même que les conditions de son efficacité se sont éloignées depuis longtemps. Le Japon obstiné en renouvelle l’échec cuisant, chaque année, depuis bientôt douze ans, apparemment sans rien apprendre. L’échec de Seattle n’est pas analysé. Tantôt il est mis sur le compte d’une douteuse opinion mondiale dont on ne soupçonne pas le caractère pluriel, tantôt de la stratégie des pays en développement, alors qu’il s’agissait, à l’évidence, du refus des pays du Nord de s’ouvrir davantage aux productions du Sud. Ici ou là, le lecteur apercevra quelque reflet d’un subtil mépris pour la société civile, confondue curieusement avec la société économique. Mais cela doit faire partie de la tactique inconsciente des intellectuels organiques, dirait Gramsci, pour justifier l’Etat, ce saint Joseph bienveillant qui leur fournit à la fois subsides et raison d’être.

Étienne Perrot
4 juin 2012
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules