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Les gagnants et les perdants de la mondialisation

Dominique Redor Economica, 2007, 190 p., 24 €

Voici une vingtaine d’années, Robert Reich annonçait que l’avenir économique du monde appartiendrait aux « manipulateurs de symboles » (juristes, financiers, communicateurs, intellectuels capables de problématiser les situations et de faire partager leurs analyses). Les chiffres et les graphiques rassemblés par le professeur Redor confirment ce pronostic, en y apportant quelques nuances. La nouvelle organisation de la division internationale du travail, qui rompt avec la logique régionaliste, le jeu de la gouvernance publique, qui emprunte moins à l’idéologie libre-échangiste affichée qu’aux pratiques mercantilistes où les gouvernements soutiennent leurs champions, et, dans ce même esprit, le triomphe des accords bilatéraux sur les aspirations multilatérales si chères aux pays européens, le jeu des Fonds de pensions salariaux anglo-saxons, celui des Fonds souverains norvégien, chinois, singapourien, tous ces éléments nouveaux confortent la position des individus bien formés, réactifs, souples, et enfoncent davantage les travailleurs des industries de labeur. Les pertes d’emploi qui en sont la conséquence sont plus sensibles sur le terrain social que dans les statistiques. En fait, Dominique Redor aurait pu l’expliquer, l’écart grandissant des revenus et des patrimoines vient moins de la concurrence directe venue des pays à bas salaires que de l’effort de productivité des industries soumises aux impératifs de la mondialisation. Mises en valeur par l’auteur, quelques exceptions du côté de l’Asie de l’Est et du Sud-Est prouvent que la loi dite Mathieu (« À qui a on donnera, à qui n’a pas on enlèvera même ce qu’il a » tirée par humour noir de l’évangile selon Mathieu XXV, 27), aussi forte soit-elle dans un système de marché, n’est pas inéluctable, lorsqu’une sage politique est mise en œuvre.

Étienne Perrot
8 juin 2007
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