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Les Frères musulmans

Xavier Ternisien Bibliothèque de culture religieuse Fayard, 2005, 374 p. 18 €

Dans La France des mosquées, en 2002, Xavier Ternisien avait montré qu’un patient travail d’enquête sur le terrain, sans a priori idéologique ni thèse à prouver, permettait de rendre compte de la paisible institutionnalisation de l’islam dans la société française. C’est une enquête menée dans le même esprit que le journaliste du Monde nous présente ici, prenant cette fois pour objet les Frères musulmans, une organisation dont le nom revient souvent dans l’actualité, puisqu’elle est à l’origine de la mouvance islamiste contemporaine, mais sur laquelle il existe peu d’études à la disposition d’un public non spécialiste. Ouvrage précieux, donc, pour connaître l’histoire mouvementée de cette organisation, depuis sa fondation en 1928, en Egypte, par Hassan Al-Banna jusqu’à sa large diffusion à travers de nombreux pays aujourd’hui. Très documentée, grâce notamment à des entretiens avec de nombreux témoins directs, comme le propre frère du fondateur, qui vit toujours au Caire, ou avec des personnages comme Tariq Ramadan ou le puissant oulema Al-Qaradhawi, l’enquête retrace les évolutions et les débats internes de la mouvance « frériste » et fournit de précieux points de repère pour en comprendre les enjeux. L’auteur met en garde contre le risque de diaboliser globalement une mouvance qui lui semble plutôt « centriste » sur nombre de débats contemporains et dont l’histoire est marquée par une constante préférence pour une voie légaliste et pacifique du changement. Les chapitres sur les évolutions contemporaines sont particulièrement éclairants, notamment sur les mutations induites par l’implantation de l’islam en Europe, sur la nébuleuse islamiste en France, sur les « Yuppies islamistes », sur les rapports entre les aspirations démocratiques et la postérité des Frères, y compris celle des déçus de l’islamisme militant. L’auteur conclut, citant François Burgat, qu’il n’y aura pas de vraie transition démocratique sans participation des Frères. L’Occident devrait prendre acte qu’ils constituent désormais, notamment sur la question du terrorisme, une position centriste et que les salafistes d’inspiration saoudienne représentent un danger beaucoup plus grand.

Christian Mellon
14 juin 2005
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