Au moment où l’on parle beaucoup de démocratie participative, sans toujours savoir ce qu’on met sous l’expression, ce livre vient à point. Il propose à la fois des exemples de pratiques participatives et une réflexion plus théorique. Les exemples tirés de l’histoire ancienne (l’Athènes de l’antiquité, Venise, Florence) ou récente (Berlin en 2001-2003) abondent, et l’on en apprend beaucoup sur les jurys citoyens, les sondages délibératifs ou les conférences de citoyens. Ils ne sont pas proposés comme l’alternative à la démocratie représentative que nous connaissons bien, puisqu’elle domine la vie politique de la plupart de nos systèmes politiques, mais comme des tentatives souvent difficiles à mettre en place pour élargir la démocratie et permettre au peuple de réellement prendre part au pouvoir. Mais le livre ne se borne pas à donner des exemples dont il montre aussi les limites, il s’avance sur un terrain plus théorique. Pourquoi en effet une telle domination de la démocratie représentative ? Pourquoi surtout l’abandon de la pratique du tirage au sort qui a longtemps semblé être la figure la plus authentique d’une démocratie dans laquelle le pouvoir peut être exercé par tous, et non par une minorité sociale ou professionnelle ? Pourtant des techniques nouvelles, comme le calcul des probabilités, rendent possibles des sondages crédibles et des sélections de populations sur lesquelles appuyer des études fiables. Il faut donc élargir les pratiques démocratiques et honorer réellement son principe, surtout pour répondre à une crise de légitimité qui préoccupe visiblement l’auteur. Dans le dernier chapitre, on lira aussi plusieurs propositions concrètes et assez gauchisantes, dont le bien-fondé ne va nullement de soi (ainsi des référendums d’initiative populaire, de la formation d’un Tribunal populaire). En toute hypothèse un livre suggestif.