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Le pari de la fraternité. Entretiens avec Aimé Savard

Guy Aurenche et François Soulage L’atelier, 2012, 240 p., 21 €

Comme chacun sait, la devise de la République française est un oxymore : la liberté fait mauvais ménage avec l’égalité, notamment en matière économique. Quant à la fraternité, elle traduit trop son ascendance chrétienne pour mobiliser les militants qui se croient malins en pensant qu’agir au seul niveau politique vaut mieux qu’une compassion au jour le jour. Cet ouvrage s’inscrit en faux contre cet a priori idéologique. Il montre que l’attention aux situations particulières, aux itinéraires singuliers les plus improbables (ceux qui sont ignorés par les catégories toujours trop frustes des administrations sociales), peut se conjuguer avec une vision à long terme et une action institutionnelle efficace. Le Secours catholique et le CCFD-Terre Solidaire en sont la preuve. Leurs présidents respectifs (François Soulage et Guy Aurenche) témoignent ici non seulement de leur conviction de chrétiens qui, dans le courant du discours social de l’Église, ont découvert la dimension sociétale de leur foi chrétienne, mais encore de l’effet de l’humanisme chrétien sur l’organisation et les pratiques de ces deux grandes institutions caritatives. Contre les approches unidimensionnelles propres aux sciences sociales qui inspirent les services publics les mieux pensés, la prise en compte des multiples dimensions de la personne humaine, loin d’être fauteur de dispersion et de sclérose, motivent les bénévoles et les parties prenantes. Le journaliste Aimé Savard, qui a interviewé ces deux grands témoins, a senti la tension fructueuse entre l’attention aux personnes et le développement social. Le lecteur aussi. Yann Galena

Yann Galenna
22 mars 2013
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