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Le capitalisme total

Jean Peyrelevade Seuil, coll. La République des Idées, 2005, 96 p., 10,5 €

Parmi toutes les publications sur le capitalisme mondialisé, celle de l’ancien directeur adjoint du cabinet de P. Mauroy se distingue par la clarté d’un exposé nuancé. Le capitalisme total, c’est le capitalisme dominé par une finance omniprésente. Le commerce des promesses cesse aujourd’hui de mettre face à face un investisseur et un épargnant. Chaque agent est face au marché anonyme : les produits y sont standardisés, parfois même simples « notionnels », ce qui ne les empêche pas d’avoir un prix ; les chambres de compensation forment l’interface de la plupart des relations financières ; les banques elles-mêmes ont perdu leur rôle mutualisant d’intermédiaires. Certains arguments mériteraient d’être contextualisés. Il est légitime de comparer la croissance du Pib et la croissance de la capitalisation boursière; mais cette différence se justifie en partie par le fait que le Pib intègre le travail des administrations publiques dont la productivité est faible, pour dire le moins, alors que l’essentiel de la productivité est engendré par les entreprises. Par ailleurs, pointer du doigt les actionnaires comme les méchants de cette mauvaise farce qu’est le capitalisme total, c’est oublier que les fonds de pensions – dont les ayants droit sont massivement les travailleurs anglo-saxons – possèdent près de 60 % de la capitalisation boursière, et que les dérives financières viennent moins des actionnaires privés que des gérants de fonds d’investissement collectif. Histoire de dire que l’utile synthèse de Jean Peyrelevade mériterait d’être complétée par une analyse systémique des marchés financiers. Dans ce système, les Etats, du fait de leurs contradictions occultées par l’auteur, jouent un rôle ambigu à ne jamais oublier

Yann Galenna
14 juin 2006
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