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Le capitalisme contemporain

Jean-Claude Delaunay

Dix universitaires livrent ici leurs analyses théoriques du système capitaliste contemporain. Le prolifique Jean-Claude Delaunay, bien connu depuis trente ans pour son essai de comptabilité nationale marxiste, coordonne vaille que vaille des contributions disparates. Disparates mais non sans intérêt. Ne sont pas éteints les vieux débats sur la valeur et les prix, qui occupaient la scène universitaire dans les années 70, lorsque le marxisme prétendait être le seul point de vue scientifique en matière d’analyse de la société. Le second volume en fait foi. Les incohérences économiques de Marx ont fait ici le lit d’une interprétation plus historique, mieux dialectisée, mais qui n’arrive plus à convaincre les économistes praticiens. Le premier volume est d’inspiration plus neuve. Il s’affronte aux caractères propres du capitalisme d’aujourd’hui : la financiarisation de l’économie, la prégnance de l’économie de services qui envahit toute la sphère des échanges, les nouvelles organisations du travail. Chacun des auteurs tente avec plus ou moins de bonheur de rattacher ces phénomènes nouveaux aux concepts vénérables laissés par la tradition marxiste. La tentative la plus aboutie est de toute évidence celle de Patrick Dieuaide « Quand le capitalisme dit adieu à la valeur travail » qui souligne combien les effets qualité, propres aux services, font éclater le paradigme classique de la valeur d’échange dans lequel fonctionnait la critique économique de Marx. Tentatives courageuses que ces essais théoriques mis curieusement sous le patronage de François Perroux. François Perroux avait certes une conception agonistique de la société, mais cette conception, où les forces sociales jouent un rôle essentiel, devait davantage à Guizot qu’à Marx. Tentatives fructueuses que cette revivification de la pensée d’un autre siècle, et qui fait penser par quelques aspects, aux tentatives de renouvellement de la pensée chrétienne par certains fidèles de la première heure. Mais ces essais laissent dans la gorge, à qui veut les avaler, un arrière goût de mal cuit. Un peu comme si l’on avalisait un perfectionnement de la bougie, alors qu’il convient d’inventer l’électricité.

Étienne Perrot
5 juillet 2001
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