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La Turquie au carrefour des turbulences migratoires

dir. et Catherine Wihtol de Wenden « Anatoli », n°3, Cnrs éditions, sept. 2012, 264 p., 30 €

Terre de refuge, porte vers l’Europe, espace de prospérité économique où l’on vient faire des affaires, sur ce bout de territoire au carrefour de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Asie, la Turquie connaît aujourd’hui une importante circulation migratoire. Ce n’est certes pas une nouveauté, comme le rappellent les douloureux « échanges » de populations du début du XXe siècle ou l’installation de près de quatre millions de Turcs en Europe depuis les années 1960. Cependant, la présence de centaines de milliers de travailleurs venus de l’ex-URSS, de milliers de clandestins (d’Afrique sub-saharienne surtout) bloqués dans le pays parfois depuis des années, de réfugiés (« hôtes » selon la terminologie turque) condamnés à la sédentarisation faute de solutions (Afghans, Iraniens, Somaliens...) et des phénomènes comme le retour des Turcs d’Europe vers leur pays d’origine ou l’installation d’Européens (deux réalités difficiles à mesurer en l’absence de statistiques vraiment fiables) confortent l’intuition de cet ouvrage collectif : la Turquie contemporaine doit de moins et moins être vue comme une terre de départ et de plus en plus comme une terre d’accueil. Les Turcs eux-mêmes sont loin d’avoir conscience de ces changements et surtout de leurs implications pour l’avenir de leur communauté nationale. Terre d’un nouveau brassage d’origines, de cultures et de religions, la Turquie est en cela tout à fait européenne...

Alexis Doucet
17 mai 2013
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