On présente d’habitude la solidarité avec les plus pauvres comme une exigence découlant logiquement – théologiquement – de la foi chrétienne : c’est la spiritualité qui met en route vers le service de l’autre. Sans nier ce fait, bien ancré dans la Bible, Antoine Sondag invite à prendre en considération le chemin inverse suivi par beaucoup de nos contemporains : dans une société où la foi est incertaine – désancrée en tout cas de ses anciens supports institutionnels – et où le désir de servir est plus vif que jamais (bénévolat et dons sont en hausse), la recherche spirituelle se vit à partir même de ce qui est découvert dans l’expérience vécue de la rencontre avec le frère, avec l’autre, avec l’exclu. Bien d’autres aspects de la relation entre spiritualité et solidarité sont éclairés dans ce livre au ton vif, parfois provoquant, qui bouscule quelques idées reçues (critique acerbe des « déclinologues » de l’Eglise) et qui débouche sur la proposition d’une « spiritualité diaconale », comme chemin de renouveau pour une Eglise qui repousserait la tentation identitaire et s’appuierait davantage sur le dynamisme de la vie associative en son sein même.