La société assiégée
Zygmunt Bauman Ed. du Rouergue, 2005, 344 p., 25 ?Ouvrage majeur, le travail de Zygmunt Bauman a l'immense mérite de reposer les questions fondamentales préalables au travail sociologique et à l'engagement éthique. Pour ce faire, il propose une traversée des principaux champs classiques, de la sociologie du pouvoir à celle de la vie privée et des médias, traversée qui laisse sans repos. L?utopie, utopie du sociologue ici, ne saurait être emprisonnée dans un lieu, contenue dans un espace, elle est invitation à relier sans contraindre, et de ce fait, traduit quelque chose même des principes énoncés pour la formulation d?une utopie de la « modernité liquide », vitesse et accélération. Une double hypothèse sous-tend le voyage : l'effacement progressif de l'Etat-nation qui perd de son effectivité dans la prise en charge du monde commun et l'envahissement progressif de l'espace public par ce qui est désigné comme « politique de vie », quelque chose qui touche à l'être et au bonheur plus qu?à la vie commune. De ce fait, la société se trouve assiégée. L?alternative n?est qu?imparfaitement désignée. Elle suppose un retour anthropologique : si le défi de la globalisation est éthique, si le monde commun est devenu un monde plein, si l'homme qui peut affronter ces défis ne peut être que réconcilié, ne peut-on dire davantage de cet homme, de cette humanité dont on sait la propension à la violence mais dont on postule la capacité à se réconcilier ?
14 juin 2006