Economistes, politologues, sociologues, chacun présente sa définition de la pauvreté : l’économiste à travers l’écart des revenus monétaires, le politologue avec la notion de pouvoir (et de déficit du pouvoir), le sociologue inscrivant la pauvreté dans l’idée de démaillage du tissu social. Alessio Fusco n’a aucun mal à montrer les insuffisances de ces approches. En passant en revue la littérature universitaire (notamment anglo-saxonne, ce qui augmente l’intérêt du propos), il conduit le lecteur au seuil d’une approche multidimensionnelle de la pauvreté. L’approche multidimensionnelle ne consiste pas à juxtaposer les différentes disciplines en les complétant les unes par les autres, ni à engendrer les différentes théories dans une succession chronologique, toujours discutable en ce domaine. Cette approche opte pour un nouveau paradigme : la capabilité, emprunté à Amartya Sen, prix Nobel d’économie, qui a réussi à faire adopter par les Nations-unies la notion de développement humain, plus riche que les approches traditionnelles en termes de croissance économique. La capabilité intègre l’ensemble des moyens, personnels mais aussi institutionnels, dont dispose l’individu pour maîtriser ses propres conditions d’existence. Alessio Fusco ne développe sans doute pas suffisamment ce qu’a de prometteur une telle approche, notamment dans ses dimensions de capital familial et social, il n’en pose pas moins les prémisses d’une réflexion féconde.