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La légitimité démocratique – Impartialité, réflexivité, proximité

Pierre Rosanvallon Seuil, 2008, 367 p., 21 € Dans La Contre-démocratie (2006), Pierre

Dans La Contre-démocratie (2006), Pierre Rosanvallon entamait une profonde et éclairante enquête sur les mutations de la démocratie au tournant du XXIe siècle. Il y mettait en évidence ce qu’on peut analyser comme un décentrement en même temps qu’un élargissement de la vie démocratique en se situant sur le terrain de la citoyenneté. Face aux pensées du dépérissement de la politique, il montrait que les citoyens ne se contentent plus d’être épisodiquement des électeurs mais qu’ils s’engagent de plus en plus dans une activité démocratique ayant pour but de surveiller, questionner, critiquer leurs gouvernants. Dans ce volet, le regard s’attache aux dimensions du régime et du gouvernement démocratiques : qu’est-ce qui fait le caractère démocratique des institutions et de leur fonctionnement ? Là encore, c’est à une profonde transformation qu’il faut se rendre attentif : ce qui est souvent analysé comme une crise de la légitimité démocratique doit être pensé comme une complexification des sources et des modes de la légitimation. L’attention portée à l’établissement du pouvoir – le fait de l’élection, la souveraineté du Peuple ou de la Nation, la règle de la majorité – ne suffit pas pour caractériser la démocratie. La vie des démocraties passe désormais par des institutions qui font valoir d’autres types de légitimité correspondant à la complexification du fonctionnement des sociétés autant qu’aux modifications des attentes des citoyens. D’où la nécessité de penser le développement de ces nouvelles formes de légitimité démocratique : exigence d’impartialité (qui passe par des autorités indépendantes de contrôle et de régulation), exigence de réflexivité (qui donne une place centrale au contrôle de constitutionnalité des lois), exigence de proximité et d’attention à la particularité (qui passe par l’activation d’instances de médiation entre pouvoir et société). Un livre dense et salutaire qui permet de penser en termes nouveaux la question de l’avenir de la politique et de donner un contenu réel à l’idée démocratique.

Jean Caron
6 juin 2012
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