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La grande récession (depuis 2005). Une chronique pour comprendre

Jean-Luc Gréau Gallimard, 2012, 256 p., 8,60 €

Voici un livre essentiel et rare. Essentiel parce que son auteur y poursuit, avec beaucoup de pédagogie, l’analyse des soubresauts d’une crise amorcée bien avant 2008, et dont l’essentiel est encore à venir. Rare parce qu’il refuse les explications toutes faites. Les Allemands, montre-t-il, ne sont pas des parangons « vertueux ». Les États sont suffisamment responsables pour qu’on leur confie un autre rôle que de figuration dans la construction d’une hypothétique « sortie de crise ». Le libre-échange tous azimuts n’est pas un principe sacré. L’euro n’est plus le « bouclier » de l’Europe. Quant aux banques, elles ne sont pas l’avant-garde de la modernité optimisatrice d’une société de services post-industrielle... À rebours de cet emboîtement de mythes, Jean-Luc Gréau déroule avec lucidité une tout autre relecture du désastre qui menace aujourd’hui l’économie occidentale. Sa force est de proposer une articulation convaincante du développement du marché hypothécaire, de la titrisation, du dévoiement généralisé des grandes banques internationales, du laxisme des banques centrales soumises aux desiderata des marchés financiers, du coup d’État silencieux effectué par les agences de notation, des errements d’une Union européenne qui tarde à comprendre que l’« euro-mark » et le libre-échange dérégulé sont devenus sa principale menace favorisant la poursuite de la désindustrialisation occidentale (l’Allemagne, n’échappera pas, elle non plus, à la grande récession si l’ensemble du continent européen sombrait dans la déflation). L’ouvrage propose une pénétrante analyse de l’organisation politique, économique, idéologique qui guide l’expérience néolibérale entamée depuis trente ans. Mais il avance aussi des propositions concrètes : réformer de manière radicale le secteur bancaire, se donner les moyens d’un crédit orienté vers un développement industriel digne de ce nom, changer la politique monétaire en mettant fin à l’indépendance des banques centrales, réorganiser la gouvernance des entreprises en faveur d’un actionnariat de long terme...

Gaël Giraud
15 mars 2013
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