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La France des travailleurs pauvres

Denis Clerc Grasset, 2008, 220 p., 16,90 €

Prolongeant une pensée forte qui ne sépare jamais l’économique et le social, le fondateur d’Alternatives économiques analyse les raisons de la multiplication en France de travailleurs précaires, de faible employabilité, aux revenus insuffisants pour vivre dignement et s’intégrer dans le tissu social. Après un panorama du champ recouvert par cette catégorie sociale, Denis Clerc montre les limites des politiques purement sociales de lutte contre l’exclusion de ces travailleurs pauvres : emplois aidés, revenus de solidarité active, diminution général du temps de travail, allègement des charges sociales sur les bas salaires. Il aurait pu ajouter les effets contre productifs – et donc défavorables à l’emploi – des charges publiques entraînées par ces politiques, à l’heure où les systèmes sociaux et la productivité globale des pays sont en concurrence sur les marchés mondiaux. Le plus intéressant est l’idée d’État d’investissement social qui met l’accent sur la formation initiale et permanente, l’éducation des jeunes pour une employabilité à un niveau plus élevé. Denis Clerc touche ici le cœur d’une économie qui ne sépare pas la production (supposée scientifique) de la répartition des richesses (qui relèverait de la morale et du politique). Il a compris qu’imaginer répartir avec justice ce que d’autres ont produit, c’est une tâche impossible qui se heurte au pouvoir des producteurs. Dans cet esprit, il épingle avec finesse ceux qui dévoient le raisonnement de John Rawls et justifient n’importe quel accroissement de richesse des nantis dès lors qu’une miette tomberait de la table pour les exclus. Il n’est donc de salut que dans la formation et l’emploi à des postes nécessaires à la productivité globale de l’économie nationale.

Étienne Perrot
6 juin 2008
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