Cet ouvrage collectif a été dirigé par deux spécialistes du travail : Isabel Georges, en poste au Brésil, et Pierre Tripier, sociologue. Au cours des années 1970, le Brésil a connu une multiplication des revendications sociales, responsables en grande partie de la réussite de la transition démocratique et de la mise en place de leviers participatifs au cours des années 1980. Les différentes contributions de ce livre questionnent cet héritage et étudient l’actualité des pratiques participatives novatrices. Centrées sur la région de São Paulo, les études mêlent analyses ethnographique et sociologique des mobilisations citoyennes. Cette proximité avec le terrain (avec une richesse de détails monographiques) donne à l’ouvrage tout son intérêt. Précis, il met en exergue les tentatives de dynamisation de la démocratie participative et « les politiques de la périphérie » de la capitale économique brésilienne. Nous retiendrons surtout la première partie sur la participation politique des périphéries dans une perspective historique. Elle nous éclaire sur les évolutions simultanées des mouvements sociaux et de l’environnement institutionnel, validant l’idée de Charles Tilly qui pense la politique comme une création continue et les mouvements sociaux comme produits des interactions avec un cadre politique particulier. L’article sur la mobilisation des ramasseurs de déchets (catadores) du centre-ville de São Paulo est l’occasion de faire un parallèle entre l’entreprise de gentrification et les frictions sociales qui entourent la préparation des Jeux olympiques de Rio de Janeiro. L’ensemble du livre donne des clés pour comprendre les mobilisations citoyennes et les dynamiques de contestation de la décision politique, au moment où le Brésil se pose en modèle de développement politique et économique.