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La condition cosmopolite. L’anthropologie à l’épreuve du piège identitaire

Michel Agier La Découverte, 2013, 212 p., 20 €

« Qui mieux que les déracinés pour nous donner la trace concrète, empirique, de la condition cosmopolite et pour réfléchir à l’horizon démocratique qu’elle laisse entrevoir à une échelle mondiale commune ? » (p. 95). Le cosmopolitisme, au sens, fondamentalement politique, d’un monde commun, est abordé ici à travers l’expérience d’hommes et de femmes en « déplacement forcé » sur la planète (plus de 75 millions). Mais les frontières se multiplient et se durcissent, quand l’édification de murs (près 18 000 km construits ou en construction) ne les nient pas brutalement – car les frontières, qu’elles soient spatiales, temporelles et sociales, sont avant tout des relations. À travers l’évocation de scènes (jeunes Afghans dans le port de Patras courant après des camions à destination de l’Italie) et de portraits (un couple soudano sri-lankais à Beyrouth, des instituteurs rwandais dans un camp de réfugiés en Zambie), Michel Agier ouvre à une conception élargie des frontières : « des espaces et situations de l’entre-deux, des seuils et des limites, mais aussi des moments de l’incertitude et de l’indécision » (p. 117). Il montre comment les questions posées par les migrants sont essentiellement politiques, propres à chaque situation, et non identitaires ou culturelles. L’altérité n’est jamais que relative. Il appelle aussi à un universalisme refondé sur une égalité concrète, à rebours de la gouvernance des États-nations et du « gouvernement humanitaire », prompts à assigner aux individus des identités figées. Cette anthropologie généreuse et inquiète nous aide à penser et à vivre et notre présence aux autres et au monde.

Jean Vettraino
12 avril 2013
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