Ce livre extrêmement documenté introduit aux horizons insoupçonnés du crime organisé (en termes de territoires, de flux et de puissance économique), qui profite de la balkanisation des États, de la déréglementation libérale et des zones de non-droit qui parsèment les territoires. Plus récemment, de véritables empires se sont étendus comme autant d’infections dont le corps social guérit très difficilement. Sait-on que la drogue tue plus que le terrorisme ? Pire, les États eux-mêmes se criminalisent, aux mains d’oligarchie kleptocrates qui se constituent en armées – la narco-démocratie du Mexique. Et la mondialisation en est le vecteur privilégié, l’argent sale étant devenu un pilier du capitalisme contemporain grâce au système bancaire. En face, l’aveuglement est total, en Europe (où l’Italie du crime organisé pourrait préfigurer l’avenir de l’Europe libérale) comme aux États-Unis. Les auteurs montrent que s’il n’y a pas de lien avéré ente crime et pauvreté, « le crime paupérise » aujourd’hui et la « racaille de banlieue » est « la version cagoulée des traders de Wall Street ». On regrettera toutefois la présentation de ce livre : la reproduction des propos alternés des deux spécialistes perturbe l’attention du lecteur et obscurcit la cohérence du raisonnement. Ce laxisme éditorial ne peut que nuire à la diffusion d’un document dont le message mériterait d’être mieux valorisé.

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