Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

Finance servante ou finance trompeuse ?

Paul H. Dembinski DDB/Parole et silence 2008, 204 p., 19 €

Derrière ce titre un peu mièvre se cache une pensée novatrice, qui rompt avec les études parcellaires, qui ose une hypothèse de transformation qui émerge sous nos yeux, qui réintroduit dans l’analyse ce que l’approche positiviste a voulu occulter, les présupposés éthiques des sciences humaines. L’hypothèse se résume simplement : la finance, un ins-trument au service des relations économiques, devient aujourd’hui l’objectif de toute activité sociale et politique. La transaction immédiate supplante les relations stables identifiées au bien commun. Des proposi-tions en découlent : renforcer le coût des transactions par un dispositif (genre taxe Tobin) et des réglementations favorisant les relations stables ; élaborer des modes de rémunération indépendants du nombre des transactions, remplacer les Fonds de pensions fondés sur la capitalisation par des systèmes plus solidaires… Ces analyses soulignent la dérive d’une éthique ramenée à la compliance, c’est-à-dire la conformité aux procédures. Certaines pourraient être complétées, ainsi sur les rémunérations dans le domaine de la finance, où la seule sanction, en cas de spéculation malheureuse, est une diminution de bonus. L’ouvrage gagnerait à préciser certains concepts, ce qui permettrait de nuancer des propos trop abrupts et de rendre l’analyse plus convaincante. L’efficacité, par exemple, n’est pas moralement facultative; mais reste à préciser quelle efficacité, pour qui, pour quand et pour combien de temps ? Identifier le bien commun, avec les relations sociales stables. Dénoncer le primat de la liquidité, qui permet le retrait instantané, c’est toucher du doigt le symptôme. Mais sans en désigner l’origine, l’élargissement de l’espace économique voulu par les politiques en mal de financement des déficits publics, Paul Dembinski, directeur de l’Observatoire de la finance à Genève, et titulaire de la Chaire Éthique et finance à l’Institut catholique de Paris, ouvre dans ce livre original d’indispensables pistes de travail.

Étienne Perrot
13 juin 2008
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules