La propriété, est-ce vol ? Est-ce le dol ? Est-ce le fondement du lien social ? Ce qui est propre s’oppose-t-il à ce qui est commun ou à ce qui est étatique? Quel contenu mettre dans la notion de propriété publique? Le bien approprié s’identifie-t-il à la chose, ou participe-t-il des exigences morales de l’appropriation ? Toutes ces questions furent débattues, parfois avec véhémence, dans le cadre du huitième colloque d’éthique économique qui s’est déroulé à Aix en Provence début juillet 2001. La tradition universitaire provençale, moins sectaire que beaucoup d’autres, ouvrait les débats aux traditions spirituelles qui ont marqué l’Occident ; traditions juives et chrétiennes, bien sûr, avec la participation de Raphaël Draï pour la ligne juive, de Henri de France pour les fondements chrétiens, de Michel Johner pour les interprétations réformées, Manfred Spieker d’Osnabrück pour la tradition catholique, mais également les traditions musulmane et maçonnique, défendues par le bouillant Bruno Etienne. A vrai dire les points les plus marquants furent soulignés non par les références religieuses, déjà passablement connues, mais par les juristes (Jean-Baptiste Donnier qui fit apparaître avec brio le contenu éthique du droit de propriété) et les économistes (Vincent Roux qui établit le lien entre l’initiative économique et le régime de propriété). Carlo Lottieri de son côté tente un rapprochement entre le principe de non-agression dans une ligne proche des libertariens et celui de la valeur infinie de tout homme issu de la tradition judéo-chrétienne. On aura compris que l’inspiration générale de ce colloque se coule dans une mouvance libérale, mais d’un libéralisme qui retrouve, avec ses racines, les exigences d’un authentique humanisme.