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Et ce sera justice. Punir en démocratie

Antoine Garapon, Frédéric Gros et Thierry Pech

Traditionnellement, imposer une sanction pénale, c’est rappeler la loi, c’est aussi défendre la société, c’est encore éduquer un individu. Mais l’esprit démocratique n’appelle-t-il pas aujourd’hui une profonde reconfiguration de la peine ? Il veut une peine neutre, débarrassée de toute référence au sacré, de toute violence, de toute intention morale et de tout arbitraire dans son exécution. La juridicisation de la peine se présente comme une voie d’avenir pour les politiques pénitentiaires. Mais, se voulant humanitaire, procédurale et postulant une autonomie du sujet considérée comme acquise, la juridicisation ne risque-t-elle pas d’attacher plus d’importance à une procédure exacte qu’à une décision juste, à une idée abstraite de l’humanité qu’à ses besoins concrets ? Pourtant, elle ouvre un chemin nouveau dans la mesure où le droit établit une relation entre les hommes. Il sépare, mais implique aussi rencontre et reconnaissance. C’est paradoxalement en partant du plus archaïque, de la vengeance, que peut être reconstruit un droit de la relation qui ne condamne plus le sujet à la solitude juridique. Il ne s’agit évidemment pas de réhabiliter la vengeance mais de retrouver le sens des mots qui lui étaient liés : le mépris, l’honneur, la honte, le respect, la dignité. Antoine Garapon nous invite à opter pour une justice reconstructive.

Jean Weydert
5 juillet 2001
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