Voici un dictionnaire bien habillé. Il ne se contente pas de présenter des concepts, mais cherche à les resituer dans leur généalogie historique. Marque de son origine française, n’est pas oubliée la théorie marxiste dans sa problématique universitaire. Autre marque d’une tradition bien française, l’Etat plane sur le monde économique comme un monstre tutélaire, bienfaisant et doux. A croire qu’il est sans contradictions et que sa bénévolence ne rencontre que la limite des égoïsmes capitalistes. Les entrées les plus prometteuses et les plus riches de réflexion touchent les lois économiques. Sont bien mises en lumière la fragilité de ces lois, la fugacité des conditions très particulières dans lesquelles elles opèrent. Ce qui permet de mieux comprendre le caractère herméneutique d’une science économique qui n’opère que dans le risque de l’interprétation. On regrettera que le thème universitaire classique de la fluctuation et de la crise reste prisonnier, en dépit des diverses références marxistes et néoclassiques, de l’arrière-fond keynésien. L’exemple calamiteux du Japon, qui depuis douze ans s’enfonce dans le marasme en poursuivant avec obstination une telle politique malgré son échec récurrent, devrait rappeler aux économistes français les conditions très particulières dans lesquelles fonctionne la politique keynésienne.